Aux origines du Plan Zéro Plastique de la Métropole Lyonnaise

Avez-vous vu passer cette bonne nouvelle en septembre 2024 ? 

La Métropole de Lyon a adopté un Plan Zéro plastique.

Si l’initiative de la collectivité est issue d’une démarche volontaire, vous vous en doutez sûrement, nous avons une légère implication dans cette histoire.

Et vous auriez raison ! Ce plan est effectivement issu d’un travail collaboratif entamé depuis un an avec Zero Waste Europe, Zero Waste France… Et nous !

A l’heure où nous écrivons cet article, ce Plan Zéro Plastique est en pleine mise en œuvre de ses actions prévues pour l’année 2025. Si peu de communication a été effectuée à son égard à ce jour, à l’exception d’un communiqué de presse en Octobre 2024 reprit par quelques médias locaux, c’est parce que ce n’est qu’au mois de juin que des premières concrétisations seront visibles au public.

Aujourd’hui, nous portons notre focus sur ce nouveau document d’objectifs de réduction des déchets et des gaspillages.

Projet E.R.I.C : Une action concrète vers des villes européennes plus exemplaires

Pour découvrir comment s’est organisé cette avancée, il faut prendre un peu de hauteur et remonter l’échelle du réseau Zero Waste Europe, en avril 2022. C’est à ce moment là qu’est lancé le projet “Elevating Reuse in Cities” (E.R.I.C.), dont l’objectif est “d’accompagner 18 à 30 municipalités européennes dans la prévention de leurs déchets au niveau local, par la création de plans de prévention plastique (PPP)”. Ces plans ciblent et mettent en œuvre des actions de prévention et d’évitement du plastique, pour le remplacer par des solutions réemployables dans la sphère directe de contrôle des collectivités (événements/bâtiments/installations publiques, organisation des espaces publics, ou encore commande publique etc.). 

Le projet E.R.I.C est directement financé par le “Plastic Solution Fund” (fond de Solutions contre le Plastique), un fond de placement financier américain spécialisé dans la recherche et le développement de solutions contre la pollution au plastique. A ce jour, il compte 28 municipalités participantes à travers toute l’Europe, dont la ville Bordeaux, Nantes Métropole et la Métropole de Lyon. Si la curiosité vous pique, la liste des villes est disponible ici.

Un réseau de municipalités précurseures et engagées

Zero Waste Europe et 10 membres de son réseau se coordonnent pour former les participants et les participantes du projet à se responsabiliser sur les systèmes de réutilisation et à concevoir des plans de prévention du plastique toujours plus ambitieux et restant à leur portées (via les évènements, bâtiments la commande publique.

Par la suite, ces collectivités pourront se mobiliser d’elles-mêmes à l’approche de moments politiques clés (Traités mondiaux sur le plastique, Directives européennes sur les déchets d’emballage…) pour porter un plaidoyer ambitieux en faveur d’une législation concrète sur la réduction des déchets et des gaspillages. Elles pourront ainsi s’appuyer sur leurs propres expériences.

Pour en revenir à la Métropole de Lyon, c’est via un accompagnement réalisé par Zero Waste Europe, Zero Waste France et nous mêmes qu’elle a adopté son propre plan Zéro Plastique dans le cadre du projet. En effet, l’adoption du plan fait partie intégrante des conditions de l’accompagnement.

Le plan Zéro plastique de Lyon Métropole

Ce plan a donc pour objectif d’accélérer et de faciliter l’engagement des délégations de la Métropole de Lyon en faveur de la réduction de l’usage des plastiques (à usage unique ou non) sur son territoire de mettre en œuvre de nouvelles solutions en matière de réemploi tout en inspirant d’autres villes françaises et européennes à en faire de même. Loin de partir de zéro, il s’est basé sur l’ensemble des actions déjà réalisées ou en cours de déploiement par la Métropole de Lyon pour les généraliser, les développer et les valoriser. En outre, sa mise en œuvre est un défi de taille puisqu’elle fonctionne via la coordination de plusieurs délégations publiques de la Métropole de Lyon. Direction Déchets, Économie circulaire, Prévention des Déchets, Achats responsables : autant de services de la Métropole qui ont encore du mal à se coordonner à travers le mille-feuilles administratif, bien que la réduction des déchets et des gaspillages soit une thématique centrale pour eux. 

Le plan doit également permettre de faire état des progrès réalisés au  sein de ces instances publiques, tout en garantissant une cohérence globale entre ses services et les divers plans d’action officiels déjà  en vigueur sur le territoire.

Ainsi la Métropole de Lyon a fait le choix que ces actions soient intégrées à celles du prochain Programme Local de Prévention des Déchets (PLPDMA 2025-2030) – un article à son sujet arrive prochainement – qu’elles soient inclues dans le suivi annuel de la gestion des déchets (qui vise par exemple de réduire la part de déchets incinérés de 50%, ou ben de viser le 0% d’enfouissement des encombrants, d’ici 2030) et également en concordance avec le Schéma de Promotion des Achats Responsables (SPAR). Elles seront donc au minimum en conformité avec les objectifs réglementaires nationaux (Loi AGEC qui fixe par exemple l’objectif de réduire de 50% le nombre de bouteilles plastiques à usage unique sur la période 2020-2030 ou encore la Loi EGALIM qui stipule que l’utilisation de contenants alimentaires en plastique est interdite pour la cuisson, la réchauffe et le service dans les établissements scolaires et universitaires, ainsi que des établissements d’accueil des enfants de moins de six ans au 1er janvier 2025). 

En plus des financements du Plastic Solution Funds, le plan Zéro Plastique de la Métropole de Lyon bénéficie également de financements de l’éco-organisme CITEO et de l’Agence de l’Environnement et de la Maîtrise de l’Énergie (ADEME).

4 enjeux, 7 objectifs et 30 actions, vous suivez ?

Dans le cadre de son pôle plaidoyer, notre association a contribué à l’élaboration de ce plan en adoptant une position de facilitatrice auprès de la Métropole de Lyon aux côtés de Zero Waste France. Cela a permis d’apporter une expertise favorisée par notre ancrage local. Ainsi, nous avons pu orienter les actions du plan vers des objectifs atteignables qui assureront une base solide pour son déploiement sur le long terme et en restant ambitieuses.

Il correspond également à une grande portion de notre de plaidoyer dans le cadre de nos luttes pour la  préservation des ressources naturelles et la réduction des injustices sociales vers la promotion d’une société zéro déchet et plus juste. En effet, nous avions notamment  établi des recommandations politiques allant dans ce sens en 2020, dans le contexte des élections métropolitaines, avec 10 propositions à retrouver dans cet article.

Concrètement, le plan est soumis à un habile découpage permettant de traduire les ambitions de la Métropole en matière de réduction des déchets. Il se structure autours de 7 objectifs principaux :

  • Objectif n°1 : Limiter la consommation de Plastique à usage unique dans la commande publique
  • Objectif n°2 : Favoriser la consommation de l’eau du robinet pour réduire la consommation de bouteilles plastiques
  • Objectif n°3 : Rendre obligatoire la vaisselle réemployable dans les évènements organisés sur l’espace public
  • Objectif n°4 : Généraliser la vaisselle réemployable sur les sites de la collectivité
  • Objectif n°5 : Limiter le risque d’entrée des plastiques dans les réseaux d’assainissement puis vers les milieux naturels
  • Objectif n°6 : Sensibiliser et accompagner les citoyen⸱nes à la démarche zéro plastique
  • Objectif n°7 : Accompagner les communes et les parties-prenantes pour réduire l’utilisation du plastique à usage unique

Ces derniers ont été regroupés sous 4 grands enjeux

  • Enjeu N°1 : Réduire l’utilisation de plastiques à usage unique
  • Enjeu N° 2 : Développer le réemploi sur les sites et espaces publics de la métropole
  • Enjeu N° 3 : Préserver les milieux naturels et le cycle de l’eau de la pollution plastique
  • Enjeu N° 4 : Tendre vers un territoire zéro plastique

Pour finir, ces 7 objectifs se déclinent en 30 actions (page 18 à 19 du plan) avec des cibles à échéance 2024 et 2025. Ces actions vont, comme expliqué précédemment, dans le sens de nos recommandations sur de nombreux aspects et rejoignent la plupart de nos luttes. Parmi elles, on retrouve par exemple :

  • Des appels à projet en 2024 et 2025 pour accompagner les communes à installer de nouvelles fontaines à eau ) (Action n°6)

Cela permet par exemple de réduire l’utilisation de bouteilles d’eau en plastique jetable. Une telle action s’inscrit dans les obligations de la loi “Anti-Gaspillage – Économie Circulaire” (AGEC, 2020) qui indique que depuis 2022, les établissements recevant du public (ERP) pouvant accueillir 301 personnes et plus doivent être équipés de fontaines d’eau potable. Cette action aura donc le pouvoir de renforcer d’autant plus le maillage de solutions anti-plastique sur le territoire. Sur ce sujet, nous continuons d’alerter la Ville de Lyon et la Métropole  du manque de poins d’eau sur l’espace public, et de la  non-fonctionnalité permanente des points d’eau déjà en place.

  • La réduction de l’usage des textiles sanitaires et leur abandon dans les réseaux d’assainissement (Action n°19)

Notre association y contribue déjà depuis plusieurs années via ses nombreuses actions de sensibilisation en lien direct avec son marché public sur l’hygiène durable. Celui-ci nous permet de tisser des liens forts entre les enjeux de santé-environnement. C’est aussi l’occasion d’aborder un public moins sensible à nos autres actions tournées vers des enjeux de protection de l’environnement. Cela permet à toutes et tous de reprendre le pouvoir sur sa santé, sa consommation, et d’être informé·e sur les risques liés aux substances nocives.

A ce titre, nous organisons par exemple des ateliers pour fabriquer ses culottes menstruelles, la mise en avant des couches lavables, etc.

  • La création d’une charte « Métropole de Lyon zéro plastique » applicable aux commerces de vente à emporter, bars, évènements, clubs sportifs… (Action n°25)

Cette action fait entre autres le lien avec notre projet “Mon Commerçant Zéro Déchet” ainsi qu’avec nos actions de luttes contre les polluants éternels tels que les PFAS (les per- et polyfluoroalkylées, une large famille de composés chimiques d’origine synthétique aux propriétés particulièrement polluantes pour l’organisme et l’environnement). En effet, ils sont également présents dans les emballages alimentaires jetables.

  • La diffusion de l’objectif et des solutions du zéro plastique au sein des réseaux d’entreprises, clubs sportifs, associations culturelles, théâtres, etc (Action n°27)

Il s’agit là d’une action qui pourrait être parfaitement illustrée par la mise en place de notre expérimentation de Quartier Zéro Déchet (projet porté par ZDL, l’association Mouvement de Palier et la Mairie du 9ème arrondissement de Lyon). Cette expérience va d’ailleurs pourvoir servir d’inspirations pour diffuser cette pratique.

  • Le développement du portage de repas à domicile sans plastique en lien avec les Centres Communaux d’Action Sociale (CCAS) et les structures partenaires (Action n°29)

Pour cette action, le pôle plaidoyer de notre association a effectué un suivi de longue date pour s’assurer que les collectivités intéressées ne cèdent pas à la tentation des alternatives d’emballages en carton (plastifiés quand même) , soit-disant compostables ou bio-sourcés.

De plus elles sont à ce jour l’option la plus saine pour la santé humaine, garanties sans micro-plastiques ou autre composant problématique (dans le cas ou l’on emploi des emballages réutilisables en verre ou en inox). Nous privilégierons toujours les options qui ne laissent aucun résidu ni déchet, puisque celles-ci restent les plus économes en ressources naturelles. Finalement, au long terme, c’est également l’option la plus économique.

Cette action fait également le lien avec les mesures de la loi EGAlim, complétée par la loi Climat et résilience concernant la restauration Collective, indiquant que depuis le 1er Janvier 2022 les collectivités ont l’obligation d’utiliser de la vaisselle et des récipients réemployables dans le cadre des portages à domicile et dans les préparations alimentaires chauffées sur place.

D’autres actions remarquables sont :

  • La mise à disposition gratuite de vaisselle lavable consignée sur les évènements de la métropole (Action n°9)

Pour cette action, nous avons joué notre rôle d’acteur local en identifiant, avec Zero Waste France, les évènements populaires les plus emblématiques et appropriés lors des phases de lancement.

  • L’élaboration d’un programme de communication global « zéro plastique à usage unique et réemploi » à grande échelle (Action n°23)

Cette action est cruciale pour favoriser l’acceptation des 29 autres auprès du grand public et des acteur⸱rices du territoire.

Conclusion : La communication : un point de vigilance essentiel

Ce plan représente une avancée majeure, témoignant de l’ambition de la Métropole en faveur de la lutte contre les déchets et les gaspillages. Nous sommes fièr⸱es d’avoir voté.es un tel plan, cohérent et ambitieux.

Pour autant de notre côté, il s’agit désormais d’assurer un suivi minutieux de toutes ces mesures, pour s’assurer qu’elles soient correctement réalisées et que les instances publiques restent impliquées dans le projet au long terme.

La plupart des actions mises en œuvres relèvent de l’expérimentation à une échelle réduite. L’enjeu suivant sera de l’élargir et de le généraliser aux 58 communes métropolitaines.

Les effets positifs d’une société zéro déchet ne sont pas systématiquement perceptibles en direct, ce qui représente un frein à son acceptabilité. En effet, les personnes visées risquent de se montrer réfractaires à un bousculement de leurs habitudes lorsqu’elles ne bénéficient pas d’alternatives directes proposées ou d’une information claire. L’un des leviers les plus efficaces pour contrer cela reste la sensibilisation sur le long terme. C’est pourquoi nous veillons aux choix de la Métropole en matière de communication pour qu’elle privilégie des formats de communication innovants et inclusifs, des approches ludiques et valorisantes.

Pour finir, à l’approche des prochaines élections métropolitaines, nous espérons que ce plan sera maintenu sur les prochains mandats.

Sources

(2/2) L’incinération à Lyon : et demain ?

ville remplie de fumée

Dans l’article précédent, nous avons dressé le portrait des deux incinérateurs présents sur le territoire de la Métropole de Lyon. L’exploitation de ces deux installations était programmée jusqu’en 2024 mais il semblerait qu’elles soient prolongées jusqu’à 2027. Plusieurs options s’offrent à la Métropole quant à l’avenir des incinérateurs : les remettre à niveau en fonction des caractéristiques des déchets actuels ou construire une nouvelle usine ? S’engager dans une vraie politique de réduction des déchets pour sortir progressivement des dispositifs d’incinération des déchets ? Dans tous les cas, nous parlons de plusieurs millions d’euros. Plusieurs enjeux conditionnent les choix qu’il y a à faire et Zéro Déchet Lyon vous explique l’ensemble de ces enjeux.

Lire la suite « (2/2) L’incinération à Lyon : et demain ? »

(1/2) Etat des lieux : l’incinération des déchets ménagers sur la Métropole de Lyon

L’UTVE de Gerland (c) L

[Ceci est le premier article concernant l’incinération à Lyon, la suite se trouve ici]
Pas le temps de tout lire ? Retrouvez >>>notre synthèse par ici<<<.
Vous êtes déjà peut-être passés devant les incinérateurs sans même vous en rendre compte. C’est dans ces « Unités de Traitement et de Valorisation Energétique » (UTVE) que vos poubelles partent en fumées, et alimentent les réseaux de chaleur. La Métropole de Lyon en possède deux. Le premier se trouve dans le quartier de Gerland tandis que l’autre se situe sur la commune de Rillieux-la-Pape. A eux deux, ils disposent d’une capacité de traitement annuelle de 430 000 tonnes par an.

Lire la suite « (1/2) Etat des lieux : l’incinération des déchets ménagers sur la Métropole de Lyon »

Bilan du plan stratégique de gestion des déchets du Grand Lyon 2007-2017

Synthèse de l’article disponible ici

EnCouverture du Plan d'action stratégique de la question des déchets 2007-2017 du Grand Lyon 2007, la Direction de la Propreté du Grand Lyon publiait un Plan décennal d’actionsCouverture du Rapport annuel 2015 du Grand Lyon stratégique de la gestion des déchets. Ce document dressait six grands objectifs (réduire des gisements, augmenter la valorisation matière, anticiper les futurs moyens de traitement…) et proposait une vingtaine de « fiches action » pour les mettre en œuvre. Dix ans plus tard, qu’en est-il ? Nous procédons ici à une comparaison entre les objectifs établis en 2007 et la réalité actuelle, basée sur le Rapport d’activités 2015 (faute de publication du rapport 2016).

Nous avons décidé de nous concentrer sur 3 points :

  • l’évolution de la production et du traitement des déchets
  • deux objectifs non tenus concernant les déchets non ménagers et les biodéchets
  • la question du renouvellement des incinérateurs à Lyon.

Notons que ces dix dernières années, la législation (européenne et nationale) concernant les déchets a été relativement féconde (loi Grenelle, loi Transition Énergétique pour la Croissance Verte notamment), ce que ne prend évidemment pas en compte le plan stratégique.

Vous pouvez retrouver la définition des mots notés avec une astérisque dans le glossaire à la fin de l’article.

Un bilan chiffré : évolution de la production de déchets et des modes de traitement

  • Objectif de réduction des déchets atteint mais peut toujours mieux faire !

Les données 2015 montrent une diminution des quantités d’ordures ménagères résiduelles* (OMR) entre 2008 et 2015 : 263,5kg/an/hab contre 229,8kg/an/hab. Les lyonnais se situent ainsi sous la moyenne nationale (269kg/an/hab en moyenne). La collecte sélective (emballages et papiers) reste stable : 48,3kg/an/hab. en 2008 contre 47,6kg/an/hab. en 2015, ce qui induit que peu de nouveaux emballages sont devenus « recyclables » au cours des dix dernières années et que les refus de tri restent eux aussi stables. La collecte de verre quant à elle est en augmentation, passant de 18,8kg/an/hab. en 2008 à 20,6kg/an/hab. en 2015. En ajoutant les déchetteries ainsi que les collectes ponctuelles, le total de déchets ménagers et assimilés* (DMA) produits en 2015 est inférieur de près de 31kg/hab à celui de 2008 (396,5kg/an/hab contre 427,4kg/an/hab).

On note donc une tendance à la diminution de la production de déchets ménagers sur la métropole de Lyon, cette évolution est bien entendu encourageante car « le meilleur déchet est celui que l’on ne produit pas » mais la marge de progression reste encore importante ! N’oublions pas également que la crise économique de 2008 a ralenti le pouvoir d’achat et la consommation des Français, ce qui s’est répercuté sur la production de déchets (et oui !). Le plan de 2007 note que « la réduction à la source, qui se base sur des démarches de sensibilisation de la population, a un impact difficile à quantifier et souvent perceptible sur le moyen et le long terme, comme tout changement comportemental. Elle reste cependant la base intangible de toute politique de gestion des déchets » (p33). Voir pour exemple la fiche action associée (Figure 1).

Figure 1 : Exemple d’une fiche action « Réduction des déchets à la source »

Bien que la réduction à la source ne se base pas QUE sur des démarches de sensibilisation, ces dernières sont effectivement nécessaires et ont été menées auprès de divers publics :

  • Les scolaires via le Plan d’Education au Développement Durable à destination des publics scolaires ;
  • Le « grand public » via des subventions accordées à différentes associations notamment via le Plan d’Education au Développement Durable (Aremacs, Lyon à Double Sens…)
  • Deux appels d’offres portant sur la réduction du gaspillage (Verdicité, Aremacs, Récup & Gamelles et Efemera) et sur le compostage collectif (Pystilles, Trièves Compostage, Rhône insertion environnement) pour une durée de 4 ans (2016-2020)

Notons aussi la création d’espaces de « donneries » dans 9 déchetteries de la Métropole qui permettent de réduire, symboliquement, les tonnages de déchetterie mais qui favorisent le développement du ré-emploi, si important.

Autres informations non précisées dans le plan 2007 :

  • le 25 juin 2012, le Conseil de communauté du Grand Lyon a voté « la réduction des déchets en agissant par la prévention à la source avec pour objectif une réduction de 15% à l’horizon 2030 des déchets » : nous suivrons ça de près !
  • la candidature de Lyon au label Territoire Zéro Déchet Zéro Gaspillage* a été retenue en octobre 2015. La délibération du Conseil du 10 avril 2017 du Grand Lyon approuve ces orientations stratégiques du plan d’action économie circulaire et zéro gaspillage.
  • bien qu’obligatoire depuis le 1er janvier 2012, cela fait un an que Lyon est sans programme local de prévention des déchets ménagers et assimilés (PLPDMA), le dernier datant de 2010-2016 : oups !
  • Objectifs et évolution des modes de traitement : l’enfouissement diminue, l’incinération se maintient et le recyclage n’arrive pas à décoller

Pour rappel, voici la pyramide dite de « la hiérarchie des traitements des déchets » qui doit régir la gestion des déchets conformément à la réglementation européenne de 2008, transposée dans le Code de l’environnement français en 2014 (article L514-1).

Figure 2 : Pyramide de la hiérarchie des traitements de déchets

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p style= »text-align: left; »>Qu’en est-il à Lyon ? L’enfouissement en 2006 représentait 102 061 tonnes. L’objectif pour 2015 était de réduire ce tonnage de moitié. Les données 2015 montrent que 50 761 tonnes de déchets ont été stockées, ce qui correspond à l’objectif. Toutefois, depuis le 1er juillet 2002, l’enfouissement est normalement autorisé seulement pour les déchets ultimes*. Or en 2015, ce sont encore 9% des DMA qui ont été enfouis (p35), ce qui est tout à fait illégal. 33% du flux des déchetteries (principalement gravats et encombrants) finit aussi en enfouissement : on imagine pourtant aisément que tous les « encombrants » ne sont pas du « déchet ultime » ! A quand l’application de la loi vieille de 15 ans ?!!

119 335 tonnes ont été recyclées en 2006. L’objectif était une augmentation d’environ 60% de ce tonnage sur dix ans. En 2015, la part de recyclage reste largement en deçà de l’objectif fixé (augmentation de l’ordre de + 25%). Notons également que le taux de refus de recyclage à Lyon est de 30%, bien plus que la moyenne nationale. Le geste de tri des Lyonnais ne s’est pas amélioré au fil des années.

La valorisation énergétique (incinération) en 2006 représentait 327 063 tonnes. Afin de respecter la hiérarchie des modes de traitement des déchets, l’objectif était de très légèrement augmenter les tonnages. En 2015, ce sont « seulement » 304 094 tonnes de déchets qui ont été valorisées énergétiquement, ce qui est inférieur à l’objectif 2015 fixé. On ne peut que se réjouir de cet « échec » (voir Un mot sur les deux incinérateurs lyonnais ci-dessous).

La diminution des tonnages traités en enfouissement et en incinération concorde bien avec la baisse de production de déchets par habitant par laquelle nous commencions notre article.

Deux points noirs : les déchets non ménagers et les biodéchets

  • Déchets non ménagers – réduire et faire payer : deux objectifs non atteints

Dans son objectif 2 relatif à l’étude du périmètre et du mode de financement du service de gestion des déchets, la Métropole souhaitait :

1) poursuivre ses actions auprès des gros producteurs en matière de réduction des Déchets Non Ménagers (DNM)

2) étudier la financiarisation des collectes des DNM, notamment par l’instauration de la redevance spéciale*

Figure 3 : Photo de bacs de DNM. Source : Plan 2007, Grand Lyon

La Métropole est compétente dans la collecte et le traitement des déchets des ménages. Néanmoins, elle prend également en charge des DNM selon certains critères. Les déchets issus des activités économiques publiques ou privées peuvent être collectés s’ils sont de même nature et présentés dans les mêmes proportions. Cette collecte se réalise pour les DNM dans la limite des 840 L/semaine (y compris pour les marchés). En 2007 les tonnages non ménagers représentaient 100 000 tonnes, soit 30 % des ordures ménagères, contre 20% au niveau national [a].

Pourtant, la cible visée dans l’action 2.1 est celle des producteurs de plus de 4 000 litres ! Le but est certes de donner des outils pour réduire la production de DNM mais surtout de dévier les flux hors champs du service public vers une prise en charge par des opérateurs privés. Il ne s’agit alors pas d’éviter la production de déchets, mais plutôt d’éviter leur comptabilisation.

Dans son rapport annuel 2015, la Métropole présentait un bilan de 44 actions aboutissant à une limitation de la collecte des DNM. Ces actions portent sur l’accompagnement des entreprises et administrations pour qu’elles mettent en place des gestes d’évitement mais aussi pour qu’elles aient recours à des prestataires privés de collecte. En 2015, 13 578 240 litres de déchets (collectes d’ordures ménagères et sélective confondues) soit 13 300 tonnes de déchets ont été évités ou simplement déviés du service public, la distinction n’est pas affichée.

Dans son action 2.2, relatif au périmètre de financement du service de gestion des déchets, la Métropole prévoyait de fixer un tonnage seuil de collecte au-delà duquel les producteurs non ménagers sortiraient du champ du service public (840L, 2500L, 4000L / sem). L’action 2.2 prévoyait également la mise en place d’une redevance spéciale permettant de financer la gestion des déchets assimilés restant pris en charge par le service public. La mise en place de la redevance spéciale était obligatoire depuis la loi du 13 juillet 1992 !

En 2007, une étude financière et juridique était en cours pour fixer les contours de la future redevance spéciale. Les scenarii étaient déjà avancés, comme le montre le Figure 4.

Légende : TEOM* : Taxe d’Enlèvement sur les Ordures Ménagères / RS* : Redevance Spéciale / SPED : Service Public d’Enlèvement des Déchets ménagers Figure 4 : Scenarii de la mise en place de la redevance spéciale. Réalisation : ZDL, 2017. Données : page 9 du Plan 2007-2017

Pourtant, depuis aucune mention n’est faite de la redevance spéciale, ni sur le règlement à usage des professionnels, ni sur le dernier rapport annuel publié de 2015. Toutefois, en 2015, la loi n° 2015-1786 vient annuler celle du 13 juillet 1992 sur le caractère obligatoire de la redevance spéciale. Ainsi, la redevance spéciale n’aura jamais été mise en place à Lyon ! C’est donc le citoyen qui paie pour la collecte et le traitement des déchets non ménagers collectés par la Métropole !

Or dans un contexte de recherche d’économies et d’incitation forte des usagers à la prévention et au tri, le service rendu aux professionnels et son financement restent une question majeure. Le nouveau cadre juridique permet, en effet, de questionner sereinement les enjeux technico-économiques de la mise en œuvre de la redevance spéciale. De fait, elle s’avère un formidable outil pour améliorer les performances, optimiser le service rendu aux professionnels et générer des recettes complémentaires. Alors, qu’est-ce qu’on attend ?

  • Les biodéchets, les grands oubliés

Rappelons, qu’en moyenne, les biodéchets (à ne pas confondre avec les déchets verts) représentent 30% de la poubelle résiduelle des Français. En 2007, l’objectif concernant les biodéchets était peu ambitieux : équiper en 2 ans (fin 2009) 13% de l’habitat pavillonnaire d’un composteur individuel. Il était prévu de subventionner un peu plus de 3200 composteurs particuliers. Au-delà de 2009, les objectifs étaient assez vagues : « l’opération pourrait être poursuivie jusqu’en 2015 pour atteindre 50% de l’habitat pavillonnaire (+39 800 composteurs), soit une diminution attendue de 4000 tonnes par an d’ordures ménagères détournées de la collecte ». Aucun chiffre sur le nombre de composteurs subventionnés ces dernières années dans le rapport 2015. Il est simplement précisé que « la promotion du compostage individuel s’effectue au moyen de guides distribués auprès de la population et diffusés grâce à de multiples relais (bailleurs, associations, communes…) ou en téléchargement sur le site Internet de la Métropole ». Et quid de l’habitat non pavillonnaire où vit la majorité (81%) des habitants de la Métropole [b] ?

Quant au compostage collectif, 39 composteurs collectifs sont en fonctionnement en 2015. La Métropole de Lyon a subventionné une partie de ces installations.

Nous soulignons l’importance du compostage individuel et collectif, fruits d’efforts citoyens pour une gestion locale, assumée et durable des biodéchets et encourageons fortement son développement. Toutefois, en termes de tonnages détournés de l’incinération, ils sont une goutte d’eau dans l’océan. Aujourd’hui, l’immense majorité des biodéchets (composés à 80% d’eau) finissent dans les incinérateurs. Les biodéchets restent donc les grands oubliés de la gestion des déchets de Lyon, bien que leur quantité ne diminue pas et que leur qualité nous rappelle quotidiennement leur existence (les biodéchets, fermentescibles, sont responsables des odeurs et des jus dans les bacs poubelle).

Concernant les biodéchets dits « des producteurs » (restaurant, marchés, cantines…), le tri à la source est obligatoire depuis la loi Grenelle (2012) mais de manière progressive en fonction des tonnages produits [c]. Depuis le 1er janvier 2016, tout producteur produisant plus de 10 tonnes de biodéchets par an se trouve dans l’obligation de trier ses biodéchets et de les gérer séparément. Par exemple, ce seuil est atteint par une cantine servant 250 repas par jour et pour un marché alimentaire quotidien, cela représente environ 27kg de déchets par jour. Pourtant, le tri des biodéchets est quasi inexistant dans les lieux gérés par la ville et la Métropole : le tri est très ponctuellement réalisé dans les cantines scolaires (primaires et collèges), mais inexistant pour les marchés municipaux (à l’exception de quelques expérimentations). Ces biodéchets partent par conséquent directement pour l’incinérateur…

Espérons qu’une stratégie de gestion des biodéchets lyonnais voit le jour rapidement, liée à une filière de valorisation locale et à une stratégie de prévention de ces déchets bien évidemment. En effet, la loi de transition énergétique (2015) indique que d’ici 2025 le tri à la source doit être généralisé pour tous les producteurs de déchets (sans seuil de production) et que « chaque citoyen ait à sa disposition une solution lui permettant de ne pas jeter ses biodéchets dans les ordures ménagères résiduelles, afin que ceux-ci ne soient plus éliminés, mais valorisés  » [d].

Un mot sur les deux incinérateurs Lyonnais

  • Des incinérateurs en fin de vie
Incinérateur de Gerland.

La Métropole dispose de deux Unités de Traitement et de Valorisation Energétique (UTVE) qui incinèrent les ordures ménagères résiduelles (même si parmi ces OMR, il reste une quantité non négligeable de déchets valorisables d’une autre manière). La combustion des déchets produit de la vapeur utilisée pour le chauffage urbain et la production d’électricité. Ces deux sites sont situés à Gerland (dit UTVE Lyon Sud, exploitée en régie par du personnel métropolitain et appartenant à la Métropole) et Rillieux-la-Pape (dit UTVE Lyon Nord, contrat de délégation de service public à la société Valorly – Suez). Mis en service en 1989, ils ont à eux deux une capacité d’incinération globale de 380 000 à 400 000 tonnes par an. Ces installations classées au titre de la protection de l’environnement (ICPE) ont une durée de vie d’environ 30 ans (soit 2019 !). En 2007, les UTVE étaient donc à la moitié de leur vie. Dès 2005, « un audit technique met en évidence des signes de mauvais état de l’usine dû à un déficit d’entretien récurrent » [e] sur l’incinérateur de Rillieux. La commission consultative des services publics locaux émet aussi de « sérieuses réserves sur la sincérité du compte-rendu technique et financier 2010 établi par Valorly ». Le tout se conclut par un incendie en novembre 2013.

Incinérateur de Rillieux

Une étude prospective sur le devenir de ces incinérateurs était promise par le plan stratégique 2007 (action 6.1), elle n’a pas été rendue publique. Finalement, d’importants investissements [f] ont et sont réalisés pour maintenir à flots ces deux usines jusqu’en 2024-2025. Pour l’incinérateur de Gerland, ce sont près de 4 millions d’euros par an qui sont investis pour faire perdurer l’installation. Et après ? Encore un peu plus de millions chaque année ?

Depuis 2007, un fort rapprochement a lieu entre le thème de la gestion des déchets et celui de l’énergie. La Métropole s’est dotée d’un Plan Energie Climat [g] et s’engage à 1) « réduire d’ici 2020 de 20 % les rejets de CO2 (75 % pour 2050) » et 2) « à consommer 20 % d’énergies renouvelables dans son mix énergétique ». Nous serons vigilants à ce que la part de CO2 générée par la gestion des déchets soit prise en compte dans ces calculs. Concernant le second point, les déchets sont malheureusement considérés comme des « énergies renouvelables »…Ce qui se profile, comme le dit Bruno Charles « c’est que la nécessité de produire de la chaleur pour le réseau soit contradictoire avec la politique de réduction des déchets » [h]. Rappelons encore une fois qu’environ 30% des déchets incinérés sont des déchets organiques, composés à 80% d’eau…

Ainsi, si de plus en plus de signaux positifs sont envoyés par la Métropole en matière de réduction des déchets, le maintien de deux incinérateurs (et après 2025 ?) ainsi que le développement de réseau de chaleur semblent être contradictoires avec la mise en place d’une véritable politique « zéro déchet, zéro gaspillage ». Notons en plus que les incinérateurs fonctionnent mal s’ils connaissent une baisse de tonnages. Autrement dit, pour un bon fonctionnement technique (et économique), il faut continuer à les « remplir » de déchets.

Enfin n’oublions pas que tout ce qui entre dans un incinérateur sort par la cheminée : 30 à 40% de nos déchets sont « imbrûlables » et donnent ce que l’on appelle des mâchefers*, par ailleurs de la combustion résulte des REFIOM*. En 2015, il a fallu traiter 76 418 tonnes de mâchefers et 7143 tonnes de REFIOM. Après une étape de maturation dans un centre spécial, la majorité des mâchefers est valorisée en sous-couche routière, le reste est enfoui. 60% des REFIOM sont enfouis en Installation de Stockage de Déchets Dangereux en Haute-Saône. Le reste est envoyé en Allemagne pour combler une ancienne mine…

Une question vous taraude sûrement, combien tout cela coûte-t-il ? En 2017, les dépenses pour la gestion des déchets ont été de 145,7M€, les recettes de 33,2M€ soit un coût net de 112,5M€ ! Le coût net par habitant est resté relativement stable ces dernières années, en moyenne autour de 83€/hab. Toutefois, la TEOM* payée par le contribuable est plus élevée (une centaine d’euros environ), ce qui génère un excédent illégal ! Voir les articles de l’association CANOL [i].

Références

[a] Modecom, ADEME, 2007, mise à jour attendue : 2018
[b] Publication « Habiter & se loger – Chiffres clés 2016 », Métropole de Lyon, 2016
[c] https://www.legifrance.gouv.fr/affichTexte.do?cidTexte=JORFTEXT000024388182&categorieLien=id
[d] https://www.ecologique-solidaire.gouv.fr/biodechets
[e] Délibération n°2013-4330 du Grand Lyon
[f] Délibération n°2016-1095 et n°2017-1725 du Grand Lyon
[g] http://blogs.grandlyon.com/plan-climat/
[h] http://rhone.eelv.fr/reseau-de-chaleur-un-pas-important-vers-un-schema-directeur-des-energies-conseil-metropole-lyon-19-09-16-bruno-charles/
[i] http://www.canol.fr/tag/teom/

Rédaction Zéro Déchet Lyon, en partenariat avec La Bricolerie, We Waste, Récup et Gamelles, Les Boîtes à Partage et Mouvement de Palier.

La bricolerie LEs boîtes à partage Mouvement de palier Récup' et gamelle 

*GLOSSAIRE

Vous pouvez retrouver un glossaire complet sur le thème des déchets, réalisé par Zero Waste France et en téléchargement libre ICI

Déchets ultimes : Déchets qui ne sont plus valorisables, ni par recyclage, ni par valorisation énergétique. A ce titre, ils sont réglementairement les seuls à pouvoir être stockés (enfouis) dans un Centre de Stockage des Déchets Ultimes (CSDU). Selon l’article L 541-1 du Code de l’Environnement, le déchet ultime est défini comme un déchet, résultant ou non du traitement d’un déchet, qui n’est plus susceptible d’être traité dans les conditions techniques et économiques du moment, notamment par extraction de la part valorisable ou par réduction de son caractère polluant ou dangereux.

DMA – Déchets Ménagers et Assimilés : catégorie incluant les déchets des petites entreprises, ordures ménagères (OMR + collecte sélective) et déchets occasionnels des ménages.

Mâchefers : Résidus de l’incinération des ordures ménagères laissés en fond de four et constitués dans leur très grande majorité des matériaux incombustibles des déchets (verre, métal…).

OMR : Une ordure ménagère résiduelle désigne les déchets qui restent après des collectes sélectives. Cette fraction de déchets est parfois appelée poubelle grise. La composition des ordures ménagères résiduelles (OMR) varie selon les lieux en fonction des types de collecte.

PLPDMA – Programme local de prévention des déchets ménagers et assimilés : voir article L 541-15-1 du Code de l’environnement. Document de planification obligatoire, pour les collectivités territoriales responsables de la collecte et du traitement des déchets ménagers et assimilés, de définir un « programme local de prévention indiquant les objectifs de réduction des quantités de déchets et les mesures mises en place pour les atteindre »

Redevance spéciale : La redevance spéciale (RS) doit être instituée par les collectivités qui n’ont pas établi la REOM ou qui assurent la collecte et le traitement de déchets non ménagers qui peuvent être collectés et traités sans sujétions techniques particulières. Pour les déchets non ménagers, la collectivité est libre de fixer les limites des prestations qu’elle assure dans le cadre du service public (caractéristiques et quantités de déchets, définition des sujétions techniques particulières). Lorsqu’elle choisit d’assurer la collecte et le traitement des déchets pour les commerçants et artisans (ou autres producteurs de déchets non ménagers), la collectivité doit leur faire payer la redevance spéciale. La collectivité doit toutefois être attentive à respecter les règles de la concurrence et à ne pas prendre de risques financiers trop importants pour assurer un service à d’autres usagers que des ménages.
Pour les producteurs de déchets non ménagers (entreprises ou administrations), la redevance spéciale correspond à une rémunération du service public rendu par la collectivité (collecte et traitement). La RS est destinée à couvrir les charges supportées par la collectivité pour l’élimination de ces déchets.

L’institution de la RS est obligatoire depuis le 1er janvier 1993 (loi du 13 juillet 1992, codifiée à l’article L. 2333-78 du Code général des collectivités territoriales). Malgré son caractère obligatoire jusqu’en 2015, la RS n’est pas toujours appliquée. Elle ne doit cependant pas être considérée comme une incitation pour la collectivité locale à prendre en charge la totalité des déchets non ménagers produits sur son territoire.

REFIOM : Résidu d’Épuration des Fumées d’Incinération des Ordures Ménagères Résidus solides collectés après traitement chimique des fumées visant à réduire la pollution. Après un procédé de stabilisation, les REFIOM sont stabilisés avant d’être stockés en centre de stockage des déchets de classe 1.

TEOM : La Taxe d’enlèvement des ordures ménagères est la taxe prélevée par la collectivité auprès des ménages, calculée en fonction de la surface bâtie et non en fonction du service rendu de ramassage des OM. La TEOM est destinée au financement de la collecte et du traitement (tri, incinération, enfouissement, valorisation matière, etc.) des OM. C’est une charge locative pouvant être récupérée de plein droit par le propriétaire sur le locataire.

TZDZG : Territoire Zéro Déchet Zéro Gaspillage : A l’occasion de la loi de transition énergétique pour la croissance verte, la Ministre Ségolène Royal a lancé l’appel à projet « Territoire Zéro Déchet, Zéro Gaspillage ». Les candidats retenus s’engagent à mettre en œuvre une politique intégrée concernant la prévention et la gestion des déchets, dans une dynamique d’économie circulaire. Dans ce cadre, le «zéro déchet zéro gaspillage» (ZDZG) est un idéal à atteindre : ne pas gaspiller, limiter au maximum la production de déchets, réemployer localement, valoriser au mieux en respectant la hiérarchie des modes de traitement des déchets qui n’ont pu être évités – recycler tout ce qui est recyclable, limiter au maximum l’élimination, et s’engager dans des démarches d’économie circulaire.

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