Adoption du nouveau Programme Local de Prévention des Déchets Ménagers et Assimilés : on dresse le bilan

La Métropole de Lyon a adopté ce 23 Juin 2025 son nouveau Programme Local de Prévention des Déchets Ménagers et Assimilés (PLPDMA) pour les années 2025 à 2030Le précédent document, démarré en 2019, s’est achevé en 2024.

Pour rappel, ce document de planification obligatoire doit être rédigé par les collectivités territoriales qui assurent la collecte des déchets ménagers, dans l’objectif de coordonner les instances publiques et privées dans l’organisation de la prévention et la gestion des déchets ménagers et assimilés sur un territoire.

Pour ce renouvellement, la Métropole de Lyon a intégré les acteur·rices du territoire dans le processus de rédaction (élu⸱e⸱s, structures associatives ainsi que l’ensemble des membres de la Commission consultative des services publics locaux (CCSPL) dont Zéro Déchet Lyon fait partie.

La CCSPL est une instance de dialogue et de consultation pérenne qui œuvre dans les domaines de compétence de la Métropole de Lyon pour  l’ensemble des services publics confiés à des prestataires extérieurs  par convention de délégation de service public, contrat de partenariat  ou exploités en régie dotée de l’autonomie financière.”

Le projet de PLPDMA a également été soumis à une consultation publique en direction des citoyen·nes lors de laquelle notre association a également délivré un avis précis sur chaque action proposée.

Ce nouveau programme, qui compte moins de thématiques que son prédécesseur (4 contre 7), dans une volonté de les approfondir, met l’accent sur les récentes progressions législatives (mise en application du tri à la source des biodéchets, poursuite de l‘interdictions des plastiques à usage unique, facilitation des mesures de réparations…). 12 actions principales ont donc été retenues sous les thématiques suivantes : l’éco-consommation, la seconde vie des produits, les déchets alimentaires et résidus végétaux ainsi que la culture commune zéro déchet.

La majorité des propositions citoyennes issues de la consultation, ainsi que celles de notre association devraient à priori être intégrées dans des fiches-actions et traduites dans la réalité. Restons donc attentifs pour surveiller cette situation de près.

Avec des objectifs chiffrés affichés de -50kg de déchets par habitants en 5 ans, soit une baisse de 13% à 15% de déchets ménagers et assimilés (DMA) d’ici 2030, ce nouveau programme se situe légèrement au-dessus de l’objectif de 2024 qui était de -11%.

Si l’on exclue les déchets de gravats, cet objectif a été atteint et même dépassé en 2023, avec une réduction de la production de déchets sur six ans d’environ 37 kilos/hab.

Ces objectifs sont encourageants mais ils ne signifient pas qu’il faut relâcher notre attention. Rappelons toutefois que plus de 1 42300 tonnes de DMA sont produits chaque année sur la métropole lyonnaise et que le budget pour la prévention des déchets ne représentait que 4% des dépenses total du budget alloué à la gestion des déchets en 2023.

 

Thème 1 : DECHETS ALIMENTAIRES ET RESIDUS VEGETAUX

La question du développement de solutions pour lutter contre le gaspillage alimentaire et le développement du compostage de proximité est traité dans ce nouveau PLPDMA via les actions :

  • N°1 : Poursuivre le développement du compostage citoyen
  • N°2 : Réduire le gaspillage alimentaire
  • N°3 : Inciter à la gestion de proximité des résidus végétaux

Celles-ci vont dans le sens des revendications de notre association et des demandes des citoyen·nes laissées sur la plateforme.

Notre association avait recommandé d’inclure parmi les acteur⸱ices externes des structures locales capables de diversifier la variété de solutions disponibles, telles qu’AIDEN, l’Odyssée de Maât, La cloche, Potinambour ou encore les Petites Cantines. Ces structures se verront intégrées en tant que partenaires et relais aux côtés de nombreuses autres (recherche de + 50 structures) dans le cadre d’une liste de partenaires-relais en expansion.

Les végéteries et placettes de broyat (utiles pour la gestion des déchets verts des particuliers en grande quantité) se démocratiserons, avec une objectif d’au moins 10 ouvertes d’ici à la fin du PLPDMA.

Les formulations des citoyen·nes à l’encontre de la facilitation du don et glanage des invendus et des fruits et légumes “moches” sur les marchés forains ont été entendues, ainsi ces pratiques devront désormais être mises en avant.

Nous regrettons que notre proposition d’expérimentation autours du vermi-compostage n’ait pas été prises en compte face à l’argument que “le lombricompostage n’est pas une solution « réglementairement autorisée »”. En effet, outre l’existence dans la métropole d’acteurs capables de témoigner de leur expérience dans ce domaine, à l’image de l’association Enseinia, le lombricompostage n’est pas une pratique interdite. Dans sa note du 08 février 2017 (Mise à jour le 27 décembre 2023), le MINISTÈRE DE LA TRANSITION ÉCOLOGIQUE, DE LA BIODIVERSITÉ, DE LA FORÊT, DE LA MER ET DE LA PÊCHE précisait même que le lombricompostage faisait partie des premières solutions de tri à la source pour les biodéchets, notamment dans le cadre d’habitats individuels en appartement et que dans le cadre d’une colllecte séparée, “il revient à chaque collectivité d’étudier et d’identifier les solutions  les plus pertinentes pour trier les déchets alimentaires à la source et  s’assurer que ceux-ci pourront être valorisés et non mis en décharge.”.

 

Thème 2 : ECO-CONSOMMATION

Les second thème s’attèle à la problématique de l’éco-consommation et se concentre plus précisément sur notre capacité à nous passer des emballages et des objets à usage unique. Pour cela il se base sur les actions suivantes :

  • N°5 : Renforcer le territoire en solutions/ offre pour limiter les emballages
  • N°9 : Promouvoir les pratiques de réduction des emballages et des produits à usage unique
  • N°7 : Assurer la réduction des déchets dans les évènements et manifestations Locales
  • N°6 : Favoriser l’hygiène durable

Face aux difficultés croissantes des commerces spécialisés dans le vrac, nous avions particulièrement insisté dans ce volet sur l’importance de leur offrir un soutien à la fois financier et en visibilité.  Si les acteurs et actrices de la métropole de Lyon ayant participé à l’élaboration du PLPDMA ont reconu ces difficultés et instauré plusieurs mesures positives à leur égard (Promotion renforcée du vrac à travers ses bénéfices, Création d’une nouvelle charte « Métropole de Lyon zéro emballage à usage unique » avec un objectif de 500 signataires d’ici 2026, mise à jour de l’annuaire des solutions pour consommer durablement de la Métropole ou encore création d’un référentiel « zéro emballage jetable » associé à un macaron à placer sur les vitrine…), aucun dispositif financier de grande échelle en faveur des commerces de Vrac n’a été prévu. Seul un appel à projet destiné aux acteur⸱ice⸱s économiques apporteurs de solutions pour limiter les emballages, limité à 1 heureux élu⸱e chaque année ou tous les deux ans a été confirmé.

Concernant l’hygiène durable, nous avions soulevé la possibilité d’un comité de pilotage inter-délégation déchet / santé qui n’a pas été retenue, tout comme notre proposition d’aide financière utile à l’équipement en protections menstruelles lavables. Cependant, la sensibilisation à l’usage des produits d’hygiène lavable sera décuplée et abordée que ce soit dès le collège ou à l’égard des professionnels du secteur de la petite enfance qui recevront 5 formations. Notre proposition de charte à destination des maternités et espaces relais de la petite enfance pour faciliter l’usage de couches lavables se concrêtisera également, sans obligation toutefois de les accepter.

Le PLPDMA prévoit enfin un objectif ambitieux de 100% des évènements et manifestations locales passant  à des pratiques “zéro plastique à usage unique” d’ici 2030 le tout couplé au déploiement de fontaines à eau ou de rampes à eau.

Thème 3 : SECONDE-VIE DES PRODUITS

Dans la continuité des pratiques d’éco-consommation, le PLPDMA prévoit également de travailler sur la seconde vie des produits de consommation des grand·es lyonnais·es au travers de 2 actions :

  • N° 4 : Mailler le territoire en solutions locales de la seconde vie
  • N°8 : Promouvoir les pratiques de réemploi 

Celles-ci s’illustrent notamment par la création de 2 “éco-centres”, des espaces visant à faciliter les dons et échanges d’objets de seconde main, ainsi que de 5 points de proximité “réemploi” à la vocation similaire. Un grand soin semble être apporté dans l’aspect agréable et esthétique de ces lieux pour véhiculer une image positive de la pratique.

Nous estimons toutefois qu’il est dommage que l’aspect entretien et réparation de ces objets ne soit pas plus exploité, ce qui aurait pu constituer un vivier d’emplois à compétences techniques variées (couture, soudure éléctronique, entretien de cuir..). Cet aspect-là, tout comme le suivi de la qualité des dons, reste reporté sur les réseaux régionnaux et nationaux de ressourceries.

Une autre proposition positive est le développement de stickers équivalents au stop-pub « Ici je prête favorisants le partage de proximité et la cohésion sociale.

 

Thème 4 : CULTURE COMMUNE DU ZERO DECHET

 

Il s’agit d’un volet pertinent pour ancrer et normaliser les impacts positifs offerts par les pratiques du zéro déchet dans les habitudes des habitant·es de la métropole. Il englobe des actions axées sur la communication et l’animation du réseau d’acteurs et de partenaires recensés :

  • N°10 : Diffuser une communication englobante
  • N°11 : Animer le réseau
  • N° 12 : Massifier la diffusion des messages de prévention

Les demandes citoyennes sur ce volet consistaient globalement à mettre en avant les bénéfices du zéro déchet et à relayer les initiatives de l’état à l’échelle nationale, à l’image du bonus réparation par exemple. En plus d’une cartographie des acteurs engagés et de macarons associés pour les signaler (avec un objectif 50 à 100 acteur recensé chaque année), ces demandes se verront bien intégrées, tout comme l’ancrage de points d’informations et de prévention dans les lieux de production et de collecte des déchets dont les Etablissements Recevant du Public (ERP), que notre association avait également demandé.

En revanche, notre proposition de mise en place d’une veille de mise en application des plans métropolitains et des lois, auprès des opérateurs·rices externes, prestataires ou délégataires de service publiques n’a pas été retenue.

De plus, contrairement à nos demandes, les éléments de communication en lien avec la prévention ne seront pas traduits en différentes langues. Nous craignons que cela contribue à une mauvaise  compréhension des messages incitatifs (trop peu de place laissée aux développement des avantages du Zéro Déchet avec uniquement des symboles simplifiés) d’autant plus que le PLPDMA prévoit d’investir plus régulièrement les évènements populaires, sujets à des brassages culturels.

L’assurance d’un suivi qualitatif des actions prévues reste faible, tandis que le bilan de la consultation indiquait simplement  qu’elle « est bien à prendre en compte dans la méthodologie de l’accompagnement au changement des actions.”

En conclusion…

Au-delà de l’intérêt propre de ces actions, qui poursuivent des efforts vertueux engagés par la Métropole, nous regrettons que leur déclinabilité ne reste conditionnée à la faveur d’un certain type de consommateur, la plupart du temps issu de classe socio-professionnelle élevée, avec un niveau d’étude supérieur et souvent déjà sensible aux questions environnementales, comme l’illustre l’Observatoire de la Consommation Responsable dans une étude réalisée en 2021.

Nous soulignons ainsi quelques points de vigilance à surveiller ou améliorer à l’avenir : 

  • Les actions consistant à mettre en avant les acteur⸱ices engagé⸱es (cartographie, macaron, ou même les charte prévues dans les autres thématiques, …) ne cibleront probablement que des structures et publics déjà engagé⸱es sans proposer de réels outils et aides aux autres structures qui n’en aurait pas déjà les moyens.
  • Des mesures incitatives auraient pu accélérer le changement de pratiques. Leur succès sera fonction des choix des consommateur⸱ices qui se dirigeront vers un type de commerce ou un autre sur le base d’arguments éco-responsables mis en avant, tandis que les études sur les habitudes de consommation montrent que le premier facteur déterminant pour les ménagers français reste le prix.
  • Le PLPDMA peine à se décliner en faveur des classes populaires (1 seule action vise à présenter plus de sensibilisation dans les évènements populaires) tandis que celles-ci sont justement les premières à souffrir du changement climatique, de la pollution induite par notre génération intense de déchets et leurs modes de traitement, et qui bénéficierait grandement de dispositifs facilitant leur accès à une consommation génératrice de moins de déchets.

A l’inverse, plusieurs mesures sortent du lot et, à la condition qu’elles soient solidement mises en œuvre, permettront, selon nous, d’avancer un peu plus dans la direction d’une métropole zéro déchet.

  • La mise en place d’actions qui visent à mailler le territoire en solutions de locales de la secondes main telles que “Multiplier les lieux d’apports en complémentarité avec le tissu de lieux existants” et “Œuvrer au recensement et à la diffusion d’opportunité de locaux”. Associées à la création de nouveaux lieux de dons (donneries), ces initiatives devraient stimuler un mouvement en faveur du réemploi et de l’économie circulaire, facilitant davantage l’éloignement des habitudes de consommation gourmands en ressources.
  • L’intégration de nombreux acteur⸱ice⸱s associatifs, en tant que partenaires et relais aux côtés de nombreuses autres, dans le cadre de la liste de partenaires-relais en expansion, représentera une occasion de croiser les regards et de faire bénéficier le PLPDMA de l’expérience de terrain de ces structures.
  • Les efforts en faveur de la démocratisation de la pratique du compostage vont dans le sens de la réduction des gaz à effet de serre émis par les incinérateurs de la région lyonnaise. Outre l’obligation règlementaire récente, la métropole semble avoir intégré l’intérêt d’une sortie des biodéchets des ordures ménagères résiduelles des habitants. Nous regrettons cependant qu’elle soit fermée à une expérimentation du lombricompostage, pratique plébiscitée dans certains foyers en habitat collectif. 
  • Les mesures en faveur du développement de la consigne du verre sur le territoire, bénéfiques pour amoindrir l’impact de recyclage du verre et participer à une dynamique global de facilitation du réemploi.

PFAS : Comment lutter contre la plus grande pollution du monde ?

Développées par les industriels à partir des années 1950, les per- et polyfluoroalkylées, plus connus sous le nom de PFAS, constituent une famille de plus de 4000 des substances chimiques à la chaîne de molécules très stables donc résistantes. Ces propriétés représentent une aubaine pour les industriels mais signifient également que les molécules ne se dégradent pas, ni dans l’environnement ni dans notre corps. Pire, ils s’accumulent. C’est ce qui leur a valu le nom de « polluants éternels ».

Aujourd’hui, les PFAS sont à l’origine de la pollution la plus importante de l’humanité, notamment parce qu’elle est très diffuse et difficilement réversible.

Réputés pour leurs propriétés anti-feu, imperméabilisantes et antiadhésives, on les retrouve les PFAS dans tous les objets du quotidien : protections incendies, imperméables, farts de ski, maquillage waterproof, emballages alimentaires, ustensiles de cuisine, vêtements, etc.

Les PFAS menacent l’environnement mais aussi notre santé. Certains PFAS sont avérés cancérigènes. D’autres sont suspectés d’être, entre autre, la cause de maladies thyroïdiennes, de troubles de la fertilité, d’endométriose. En France, le député du Rhône Cyrille Isaac-Sibille, en janvier 2024, soulignait que “d’après les experts scientifiques, les PFAS sont associés à des risques chroniques”.

Toute la population est exposée à ces risques. En effet, une étude récente a trouvé que des inuit de l’est du Groenland avaient dans le sang des taux de PFAS 13 fois supérieurs au seuil de risque. Pour connaître l’état de la contamination au niveau européen, consultez la carte interactive disponible ici.

Lire la suite « PFAS : Comment lutter contre la plus grande pollution du monde ? »

Mois du vrac et du réemploi « Le vrac c’est moins hygiénique !

Le marché du vrac en France a pris son envol à partir de 2016, porté par un contexte propice à son développement (préoccupations des consommateur·rices, contexte législatif, création du Réseau Vrac & Réemploi la même année etc.). Mais en 2021, il traverse une période plus difficile avec une baisse de fréquentation significative notamment des épiceries locales, menant à des fermetures en série. L’équipe de Zéro Déchet Lyon avait enquêté sur les freins et leviers et alerté sur cette crise à l’été 2024. Retrouvez les résultats de ce travail dans cet article.

A l’occasion de ce mois de Mars, mois du vrac et du réemploi, Zéro Déchet Lyon revient sur quelques fausses idées qui entourent ces pratiques de consommation, afin de (re)démontrer l’accessibilité et les multiples intérêts à soutenir ces pratiques tout en remettant la lumière sur les épiceries vrac de quartier en grandes difficultés et pourtant essentielles pour aider à réduire déchets et gaspillages.

Chaque jour de cette semaine, découvrez la réalité derrière une fausse idée sur le vrac.

Fausse idée n°3 : « Le vrac c’est moins hygiénique « 

Est-ce meilleur pour la santé de consommer des produits en vrac ? Ou bien à l’inverse, les produits vendus en vrac sont-ils moins hygiéniques ? C’est à ces questions que l’on répond aujourd’hui.

Plastique et protection des aliments, une fausse bonne idée ?

Dans l’industrie agro-alimentaire, les emballages en plastique restent encore à ce jour les premiers modes de conditionnement utilisés. S’ils semblent présenter plusieurs aspects pratiques dont principalement  la légèreté, cela fait maintenant plusieurs années que des études scientifiques interrogent voir relient leur présence et des impacts sur la santé humaine et l’environnement. En 2019, un rapport du Centre pour le droit international de l’environnement (CIEL), en collaboration avec les Universités américaines d’Exeter et UPSTREAM et des organismes Earthworks, Global Alliance for Incinerator Alternatives (GAIA), Healthy  Babies Bright Futures (HBBF), IPEN et Texas Environmental Justice  Advocacy Services (t.e.j.a.s.), rassemble des recherches qui exposent les risques toxiques distincts que les plastiques posent à la santé humaine à chaque étape de leur cycle de vie, de l’extraction des combustibles fossiles à leur élimination, en passant par leur utilisation par les consommateur·rices et bien au-delà.

Il est alors démontré que les plastiques, au contact des aliments qu’ils doivent protéger, ont en réalité plutôt tendance à les contaminer via des particules de micro-plastiques et leur ribambelle d’additifs (dont des polluants éternels tels que les PFAS (per- et polyfluoroalkylées) ou des molécules classées comme perturbateurs endocriniens : Parabens, bisphénols… ) qui migrent des emballages vers les aliments, que nous ingérons ensuite.

Dans ce contexte, le vrac permet de réduire significativement ce phénomène, d’autant plus si les aliments achetés sont ensuite stockés dans des emballages moins ou pas du tout nocifs : sachets en papier, en tissus (cotons bio non blanchis ni lavés avec des lessives contenant des produits toxiques pour les organismes) ou bien dans des bocaux en verre (réutilisables à l’infini en les lavant comme de la vaisselle).

 

Une réglementation sécurisante

Sur le plan hygiène, les produits en vrac sont soumis à des normes spécifiques ainsi qu’à des contrôles réguliers. Ils sont par exemple soumis au règlement européen (CE) n° 178/2002, sur les principes et les prescriptions générales de la législation alimentaire, qui instaure 4 principes et 3 obligations assurant la sécurité des aliments vendus aux consommateur·rices.

La Loi du 10 février 2020 relative à la lutte contre le gaspillage et à l’économie circulaire (1) (Loi AGEC) précise les modalités d’application de la mise en place du vrac dans le commerces. Elle explique notamment que « Tout consommateur final peut demander à être servi dans un contenant  apporté par ses soins, dans la mesure où ce dernier est visiblement  propre et adapté à la nature du produit acheté. » C’est donc le·la client·e qui est responsable de la propreté et de l’hygiène de son contenant.

Le détail des textes est à retrouver ci-dessous :

Concernant les denrées alimentaires, le règlement (CE) n° 178/2002 établissant les principes généraux et les prescriptions générales de la législation alimentaire, instituant l'Autorité européenne de sécurité des aliments et fixant des procédures relatives à la sécurité des denrées alimentaires s’applique au vrac.

Il pose 4 grands principes :

  • Le recours à l’analyse des risques par les autorités compétentes (processus comportant trois volets : l’évaluation (ou estimation) des risques - la gestion (ou management) des risques - et la communication sur les risques) ;
  • Le principe de précaution (dans le cas où il y a des effets nocifs possibles sur la santé et qu’il subsiste une incertitude scientifique, alors il faut mettre en place des mesures provisoires de gestion du risque dans l’attente d’autres informations scientifiques);
  • Le principe de transparence (informer les citoyens des risques et des mesures mises en place);
  • Le principe d’innocuité (aucun aliment n’est mis sur le marché s’il est dangereux).

Et 3 obligations :

  • La traçabilité (possibilité de retrouver l’histoire complète d’un aliment ou de l’ingrédient qui compose l’aliment);
  • La possibilité de retrait / rappel (Les produits susceptibles de présenter un risque pour la santé publique doivent être soit retirés, soit rappelés. Le retrait permet d’empêcher la distribution et l’exposition à la vente du produit concerné. Le rappel permet d’empêcher la consommation ou l’utilisation du produit qui a été vendu) ;
  • L’information des services de contrôle (informer les autorités des décisions de retrait/rappel ou d’une situation pouvant être préjudiciable pour la santé du consommateur).

Pour les produits détergents, le commerçant a obligation de s’assurer que les produits mis en vente sont conformes à la réglementation et de s’assurer qu’ils disposent des instructions et matériels requis pour réaliser la vente en vrac en toute sécurité pour le consommateur.

Pour les produits cosmétiques, le commerçant a l’obligation de s’assurer que les produits mis en vente sont conformes à la réglementation en vérifiant leur étiquetage et en assurant des conditions de stockage et de transport adaptées. Selon ce qui a été convenu en amont, c’est soit le fabricant soit le distributeur, qui s’assure de la sécurité sanitaire en matière de vente en vrac, depuis la réception des produits chez le distributeur jusqu’à la vente au consommateur.

Ces obligations découlent des règlements européens sur les produits cosmétiques et les détergents (dans lesquels il n’y a aucune obligation spécifique à la vente en vrac) et visent à protéger la santé du consommateur.

Article 41

Le titre II du livre Ier du code de la consommation est ainsi modifié :
1° A l'intitulé, les mots : « interdites et pratiques commerciales réglementées » sont supprimés ;
2° Au début, il est ajouté un chapitre Ier A ainsi rédigé :

« Chapitre Ier A
« Pratiques commerciales encouragées

« Section unique
« Vente de produits sans emballage

« Art. L. 120-1.-La vente en vrac se définit comme la vente au consommateur de produits présentés sans emballage, en quantité choisie par le consommateur, dans des contenants réemployables ou réutilisables. La vente en vrac est proposée en libre-service ou en service assisté dans les points de vente ambulants.
« Elle peut être conclue dans le cadre d'un contrat de vente à distance.
« Tout produit de consommation courante peut être vendu en vrac, sauf exceptions dûment justifiées par des raisons de santé publique.
« La liste des exceptions est fixée par décret.

« Art. L. 120-2.-Dans les commerces de vente au détail, le contenant réutilisable peut être fourni par le détaillant sur le lieu de vente ou être apporté par le consommateur.
« Tout consommateur final peut demander à être servi dans un contenant apporté par ses soins, dans la mesure où ce dernier est visiblement propre et adapté à la nature du produit acheté.
« Un affichage en magasin informe le consommateur final sur les règles de nettoyage et d'aptitude des contenants réutilisables.
« Dans ce cas, le consommateur est responsable de l'hygiène et de l'aptitude du contenant.
« Le commerçant peut refuser le service si le contenant proposé est manifestement sale ou inadapté. »

https://www.legifrance.gouv.fr/jorf/article_jo/JORFARTI000041553806

Des labels pour éloigner les risques sanitaires

En outre, ces produits “conventionnels” issus de la grande distribution :

  •  sont aussi en moyenne les plus sucrés, lorsqu’ils sont les moins chers en supermarché,  et entretiennent donc les inégalités sociales en terme d’accès à une alimentation saine pour tous et toutes
  • sont cultivés avec des pratiques et des produits toxiques pour l’environnement, le sol, l’eau, l’air, les pollinisateurs…
  • contiennent des pesticides lorsqu’ils ne sont pas bio, parfois même des OGM qui peuvent être source de maladies.

Concernant la qualité des produits distribués en vrac, elle varie d’un produit à l’autre mais peut-être assurée par la présence de labels biologiques, équitables (lorsque l’on est plus sensible à un aspect social) ou par le taux de transformation du produit.

D’après une enquête du Centre de Ressources et d’Informations Nutritionnelles (CERIN), l’augmentation de la part d’aliments peu ou pas transformés dans la ration est associée à un apport plus élevé en protéines animales, une consommation plus variée de protéines végétales, une qualité alimentaire globale améliorée et un risque cardiométabolique diminué.

Pour clore sur ce sujet, nous n’avons à ce jour pas connaissance de cas recensé d’intoxication alimentaire ou de personne tombée malade suite à la consommation de produits en vrac. En revanche les scandales sanitaires liés à des produits issus de la grande distribution sont hebdomadaires…

Ainsi tout dépendra de vos habitudes alimentaires mais retenons globalement que les épiceries proposant un conditionnement en vrac ont tendance à sélectionner des produits plus sains pour la santé, si bien qu’il s’agisse de la seconde raison pour laquelle les consommateurs réguliers s’y rendent, selon le rapport 2021 «Panorama et évaluation environnementale du vrac en France : état des lieux et analyse des pratiques »  de l’ADEME.

Mois du vrac et du réemploi – « Le vrac ça ne fonctionne pas pour tout ni avec tout le monde ! »

Le marché du vrac en France a pris son envol à partir de 2016, porté par un contexte propice à son développement (préoccupations des consommateur·rices, contexte législatif, création du Réseau Vrac & Réemploi la même année etc.). Mais en 2021, il traverse une période plus difficile avec une baisse de fréquentation significative notamment des épiceries locales, menant à des fermetures en série. L’équipe de Zéro Déchet Lyon avait enquêté sur les freins et leviers et alerté sur cette crise à l’été 2024. Retrouvez les résultats de ce travail dans cet article.

A l’occasion de ce mois de Mars, mois du vrac et du réemploi, Zéro Déchet Lyon revient sur quelques fausses idées qui entourent ces pratiques de consommation, afin de (re)démontrer l’accessibilité et les multiples intérêts à soutenir ces pratiques tout en remettant la lumière sur les épiceries vrac de quartier en grandes difficultés et pourtant essentielles pour aider à réduire déchets et gaspillages.

Chaque jour de cette semaine, découvrez la réalité derrière une fausse idée sur le vrac.

 

Fausse idée n°2: « Le vrac ça ne fonctionne pas pour tout ni avec tout le monde ! « 

Cette idée à la dent dure, voudrait que la consommation en vrac (qui plus est en bio comme vu dans notre premier article) ne soit réservée qu‘à une élite et que pour quelques aliments.

De manière générale, dans un soucis de cohérence de démarche, presque tous les magasins bios proposent au moins un rayon vrac plus ou moins développé selon les niveaux d’engagement du magasin. Dans les magasins spécialisés dans la ventre en vrac, la majorité des produits sont bio. 

La crise des commerces vrac aurait-elle donc un rapport direct avec l’actuelle crise du bio ?

Pourtant, de nouveaux projets d’alimentation voient le jour et prouvent que la consommation  des produits en vrac, bio et locaux, c’est (vraiment) pour tout le monde.

 

La crise actuelle de l’agriculture biologique

Les commerces vrac comptent parmi les premiers revendeur·ses lorsqu’il s’agit de distribuer des produits bio/locaux sur un territoire. Preuve en est : en moyenne 1/3 des références dans leurs rayons proviennent de moins de 200km et ces produits représentent plus de la moitié du chiffre d’affaires pour ¼ des commerçants (source).

Ils permettent donc de faire rayonner les productions agricoles locales et facilitent le lien entre celles-ci et les consommateur·rices.

 

Seul modèle agricole durable et soutenable pour faire face au dérèglement climatique, à l‘effondrement de la biodiversité, à l‘explosion des maladies et l‘évolution démographique mondiale, l‘agriculture biologique traverse actuellement une crise sans précédent.

Les nombreux facteurs en cause sont d‘abord d‘ordres financiers (retards de paiement des quelques aides promises par le gouvernement français, qui plus est en quantités insuffisantes) et bureaucratiques (un label biologique considéré comme trop institutionnalisé, alourdi de normes complexes et inutiles).

De plus le regard porté sur cette filière par les consommateurs s’est considérablement dégradé avec le temps, dû au travail acharné des lobbies de l’agriculture conventionnelle qui font monter le scepticisme. La filière bio s’est vu progressivement associer à une catégorie de personne “bobo” trop écologistes pour être en phase avec la majeur partie des consommateurs. Cela aggrave l’incapacité de cette filière à s’adresser à certaines classes de population moins aisées ou moins diplômées, moins militantes et engagées qui perçoivent ces produits comme toujours plus chères. Ainsi les lieux proposant du bio engagés ne s’aventurent pas assez dans les quartiers populaires.

Il devient dès lors essentiel de remettre la question de l’alimentation biologique et de la consommation de produits en vrac au cœur de l’agenda politique afin de pérenniser ces pratiques et leur permettre de survivre aux nombreuses attaques du modèle conventionnel non soutenable.

Une alimentation durable pour tous·tes

Pour contrer ce phénomène, on peut s‘appuyer sur des acteurs·rices de l‘alimentation durable porteurs de projets visant à démocratiser une alimentation plus saine pour tous·tes.

Sur le 8e arrondissement de Lyon, on peut citer l‘ouverture de la Maison Engagée et Solidaire pour l’Alimentation en 2022. Ce tiers-lieu centré sur la thématique de l‘alimentation sûre et durable, à prix accessible vise à faire évoluer les pratiques d’approvisionnement et de consommation au bénéfice de la santé, de l‘environnement, de la production et de l’économie locale, de la démocratie et de la transition écologique et sociale des territoires. L’ engouement est tel qu‘après seulement 6 mois d’ouverture en 2022, elle comptait déjà plus de 300 foyers adhérants, dont près de 85% résidant dans un quartier prioritaire.

 

A une échelle nationale, l’essor du réseau VRAC (Vers un Réseau d‘Achat Commun) proposant des groupements d’achats durables et de qualité dans les quartiers prioritaires, prouve également qu‘il est possible de concilier alimentation bio et en vrac et profils éloignés du stéréotype « écolos-bobo ». Née à Lyon en 2013, le réseau assure désormais ses missions sur 23 territoires, à travers 22 associations, en France, en mettant directement en lien des producteur·rices, la plupart du temps en production biologique, avec les acheteur·ses.

Tous comme les abonnements du système de l’Association pour le maintien d’une agriculture paysanne et de proximité (Amap), ces types de commandes régulières groupées et en gros volumes permettent aux agricutleur·rices d’être rémunéré·es équitablement, justement, et d’avoir une visibilité sur leur finance grâce à l’anticipation des ventes. En échange les citoyen·nes peuvent ainsi acheter à un prix équitable des produits de qualité, en étant informé·es de leur origine et de la façon dont ils ont été produits. Des tarifs solidaires sont aussi développés pour les personnes à faibles revenus.

Un autre exemple, ayant vu le jour en 2017 : la Sécurité Sociale de l’Alimentation (SSA). Elle vise, à terme, à transformer nos systèmes alimentaires en profondeur en favorisant une agriculture durable et un revenu juste des agriculteur·ices pour lutter contre la faim et permettre à tous et toutes d’accéder à une alimentation saine et  choisie, notamment tournée vers une agriculture biologique, locale et par extension souvent sans emballage.

Elle se base pour cela sur le modèle du régime général de la sécurité sociale, fondé après la Seconde Guerre mondiale par M. Ambroise Croizat (le bâtisseur de la sécurité sociale, Ministre du travail sous De Gaulle, rattaché au Parti communiste), en ajoutant une branche « alimentation » à l’actuelle sécurité sociale.

Se basant sur cette idée, de très nombreuses initiatives fleurissent sur le territoire français, mettant en lien des personnes en  situation de précarité avec des producteur·rices locaux en circuits courts.

Un projet de loi en faveur de la SSA est actuellement porté par le co-fondateur du réseau VRAC et député du Rhône Boris Tavernier.

Une telle idée est d’autant plus pertinente dans un contexte général d’inflation, de perte de pouvoir d’achat des foyers précaires et d’enjeux de santé publique.

Réduction et prévention des déchets : ce que la Métropole de Lyon nous propose pour 2025-2030 – Analyse et consultation publique.

La Métropole de Lyon travaille actuellement sur son futur Programme Local de Prévention des Déchets Ménagers et Assimilés (PLPDMA) qui sera déployé sur la période 2025-2030. Ce document de planification obligatoire vise à définir les objectifs de réduction des déchets et surtout, les mesures mises en place pour les atteindre. La proposition de ce nouveau programme est soumise à une consultation publique du 16 décembre 2024 au 19 janvier 2025.

L’équipe plaidoyer vous a préparé un kit d’action qui explique comment participer et pourquoi, avec des exemples de propositions ou améliorations issues des retours d’analyses des associations locales spécialisées et ce que nous allons publier.

👉 Nous avons besoin de vous pour pousser à toujours plus d’actions et de moyens.

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