Mois du vrac et du réemploi – « Le vrac ça ne fonctionne pas pour tout ni avec tout le monde ! »

Le marché du vrac en France a pris son envol à partir de 2016, porté par un contexte propice à son développement (préoccupations des consommateur·rices, contexte législatif, création du Réseau Vrac & Réemploi la même année etc.). Mais en 2021, il traverse une période plus difficile avec une baisse de fréquentation significative notamment des épiceries locales, menant à des fermetures en série. L’équipe de Zéro Déchet Lyon avait enquêté sur les freins et leviers et alerté sur cette crise à l’été 2024. Retrouvez les résultats de ce travail dans cet article.

A l’occasion de ce mois de Mars, mois du vrac et du réemploi, Zéro Déchet Lyon revient sur quelques fausses idées qui entourent ces pratiques de consommation, afin de (re)démontrer l’accessibilité et les multiples intérêts à soutenir ces pratiques tout en remettant la lumière sur les épiceries vrac de quartier en grandes difficultés et pourtant essentielles pour aider à réduire déchets et gaspillages.

Chaque jour de cette semaine, découvrez la réalité derrière une fausse idée sur le vrac.

 

Fausse idée n°2: « Le vrac ça ne fonctionne pas pour tout ni avec tout le monde ! « 

Cette idée à la dent dure, voudrait que la consommation en vrac (qui plus est en bio comme vu dans notre premier article) ne soit réservée qu‘à une élite et que pour quelques aliments.

De manière générale, dans un soucis de cohérence de démarche, presque tous les magasins bios proposent au moins un rayon vrac plus ou moins développé selon les niveaux d’engagement du magasin. Dans les magasins spécialisés dans la ventre en vrac, la majorité des produits sont bio. 

La crise des commerces vrac aurait-elle donc un rapport direct avec l’actuelle crise du bio ?

Pourtant, de nouveaux projets d’alimentation voient le jour et prouvent que la consommation  des produits en vrac, bio et locaux, c’est (vraiment) pour tout le monde.

 

La crise actuelle de l’agriculture biologique

Les commerces vrac comptent parmi les premiers revendeur·ses lorsqu’il s’agit de distribuer des produits bio/locaux sur un territoire. Preuve en est : en moyenne 1/3 des références dans leurs rayons proviennent de moins de 200km et ces produits représentent plus de la moitié du chiffre d’affaires pour ¼ des commerçants (source).

Ils permettent donc de faire rayonner les productions agricoles locales et facilitent le lien entre celles-ci et les consommateur·rices.

 

Seul modèle agricole durable et soutenable pour faire face au dérèglement climatique, à l‘effondrement de la biodiversité, à l‘explosion des maladies et l‘évolution démographique mondiale, l‘agriculture biologique traverse actuellement une crise sans précédent.

Les nombreux facteurs en cause sont d‘abord d‘ordres financiers (retards de paiement des quelques aides promises par le gouvernement français, qui plus est en quantités insuffisantes) et bureaucratiques (un label biologique considéré comme trop institutionnalisé, alourdi de normes complexes et inutiles).

De plus le regard porté sur cette filière par les consommateurs s’est considérablement dégradé avec le temps, dû au travail acharné des lobbies de l’agriculture conventionnelle qui font monter le scepticisme. La filière bio s’est vu progressivement associer à une catégorie de personne “bobo” trop écologistes pour être en phase avec la majeur partie des consommateurs. Cela aggrave l’incapacité de cette filière à s’adresser à certaines classes de population moins aisées ou moins diplômées, moins militantes et engagées qui perçoivent ces produits comme toujours plus chères. Ainsi les lieux proposant du bio engagés ne s’aventurent pas assez dans les quartiers populaires.

Il devient dès lors essentiel de remettre la question de l’alimentation biologique et de la consommation de produits en vrac au cœur de l’agenda politique afin de pérenniser ces pratiques et leur permettre de survivre aux nombreuses attaques du modèle conventionnel non soutenable.

Une alimentation durable pour tous·tes

Pour contrer ce phénomène, on peut s‘appuyer sur des acteurs·rices de l‘alimentation durable porteurs de projets visant à démocratiser une alimentation plus saine pour tous·tes.

Sur le 8e arrondissement de Lyon, on peut citer l‘ouverture de la Maison Engagée et Solidaire pour l’Alimentation en 2022. Ce tiers-lieu centré sur la thématique de l‘alimentation sûre et durable, à prix accessible vise à faire évoluer les pratiques d’approvisionnement et de consommation au bénéfice de la santé, de l‘environnement, de la production et de l’économie locale, de la démocratie et de la transition écologique et sociale des territoires. L’ engouement est tel qu‘après seulement 6 mois d’ouverture en 2022, elle comptait déjà plus de 300 foyers adhérants, dont près de 85% résidant dans un quartier prioritaire.

 

A une échelle nationale, l’essor du réseau VRAC (Vers un Réseau d‘Achat Commun) proposant des groupements d’achats durables et de qualité dans les quartiers prioritaires, prouve également qu‘il est possible de concilier alimentation bio et en vrac et profils éloignés du stéréotype « écolos-bobo ». Née à Lyon en 2013, le réseau assure désormais ses missions sur 23 territoires, à travers 22 associations, en France, en mettant directement en lien des producteur·rices, la plupart du temps en production biologique, avec les acheteur·ses.

Tous comme les abonnements du système de l’Association pour le maintien d’une agriculture paysanne et de proximité (Amap), ces types de commandes régulières groupées et en gros volumes permettent aux agricutleur·rices d’être rémunéré·es équitablement, justement, et d’avoir une visibilité sur leur finance grâce à l’anticipation des ventes. En échange les citoyen·nes peuvent ainsi acheter à un prix équitable des produits de qualité, en étant informé·es de leur origine et de la façon dont ils ont été produits. Des tarifs solidaires sont aussi développés pour les personnes à faibles revenus.

Un autre exemple, ayant vu le jour en 2017 : la Sécurité Sociale de l’Alimentation (SSA). Elle vise, à terme, à transformer nos systèmes alimentaires en profondeur en favorisant une agriculture durable et un revenu juste des agriculteur·ices pour lutter contre la faim et permettre à tous et toutes d’accéder à une alimentation saine et  choisie, notamment tournée vers une agriculture biologique, locale et par extension souvent sans emballage.

Elle se base pour cela sur le modèle du régime général de la sécurité sociale, fondé après la Seconde Guerre mondiale par M. Ambroise Croizat (le bâtisseur de la sécurité sociale, Ministre du travail sous De Gaulle, rattaché au Parti communiste), en ajoutant une branche « alimentation » à l’actuelle sécurité sociale.

Se basant sur cette idée, de très nombreuses initiatives fleurissent sur le territoire français, mettant en lien des personnes en  situation de précarité avec des producteur·rices locaux en circuits courts.

Un projet de loi en faveur de la SSA est actuellement porté par le co-fondateur du réseau VRAC et député du Rhône Boris Tavernier.

Une telle idée est d’autant plus pertinente dans un contexte général d’inflation, de perte de pouvoir d’achat des foyers précaires et d’enjeux de santé publique.

Les bioplastiques : pas si fantastiques !


Gobelet fait de bioplastique dit biodégradable

Depuis le début des années 1950, le plastique fait partie intégrante de nos vies. Il est utilisé dans la plupart des objets de notre quotidien au point de mettre en danger les écosystèmes et notre santé. Cette prise de conscience des consommateur·rices, ajoutée aux contraintes législatives grandissantes poussent les industriels à trouver des alternatives aux plastiques traditionnels pétro-sourcés. Depuis une quinzaine d’années, de nouveaux types d’emballages « innovants » envahissent nos supermarchés et lieux de restauration remplaçant progressivement nos emballages : les bioplastiques. Ils auraient tous les avantages des plastiques pétro-sourcés sans ses impacts nocifs sur l’environnement.

Cela fait rêver mais est-ce vraiment le cas?

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De Cendre et d’eau fraîche : une alternative pour de la lessive naturelle et locale

Nous voilà de retour ! Ce mois-ci nous sommes allé·es à la rencontre d’une entrepreneure dynamique et engagée : Agnès Fereyre-Duvillard, qui a créé en 2020 « De cendre et d’eau fraiche », une entreprise de fabrication artisanale de lessive de cendre, distribuée dans des épiceries vrac et en vente directe sur Lyon et ses environs.

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Au détriment du tri (2021)

Pas le temps de tout lire ? Retrouvez notre synthèse parici

Le recyclage sert souvent aujourd’hui de prétexte pour faire perdurer une société de surconsommation, en déculpabilisant les un·es par la soi-disant garantie d’une réutilisation des matières constituant les déchets (« achetez du jetable, ce n’est pas grave c’est recyclable, la planète vous dit merci ! ») et en culpabilisant les mauvais·es trieur·euses. L’association Zéro Déchet Lyon vous explique le fonctionnement du tri dans le Grand Lyon avant de pointer les limites de ce système et de dessiner les alternatives.

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