Aujourd’hui, la mode est omniprésente dans notre quotidien. Que ce soit au travers des vêtements que l’on porte, dans les vitrines des magasins, les pubs à la télévision, et plus généralement dans l’espace public, le constat est le même : il est impossible d’y échapper.
Chaque année, ce sont plus de 140 milliards de vêtements qui sont vendus à travers le monde (1).
Pourquoi cette surconsommation de vêtement est-elle dangereuse ? Que pouvons-nous faire pour y remédier ? Zéro Déchet Lyon vous propose ce mois-ci une immersion dans le monde de la mode tout en vous faisant découvrir des solutions pour associer éthique et qualité dans vos achats.
Quel est le problème principal de la mode aujourd’hui?
Qu’on se le dise, l’industrie textile est l’une des industries les plus polluantes du monde. Avec des émissions de gaz à effet de serre de 1,2 milliards de tonnes émis chaque année (2), son impact annuel est plus important que ceux des trafics aériens et maritimes réunis (3).
Un désastre humain
Nous voyons souvent sur les étiquettes des inscriptions comme Made In China ou Made in Bangladesh. En effet, énormément d’entreprises choisissent de faire fabriquer leur production dans ces pays où le coût du travail est faible, bien plus que dans les pays européens : le salaire minimum est d’environ 243€ en Chine, 60€ au Bangladesh ou encore 58€ au Sri Lanka (4). Pourtant, en moyenne, sur le prix d’un jeans, seuls 10% correspondent au coût de production total, salaires compris (5).
Les bas salaires sont aussi synonymes de droit individuel bafoué.
Avril 2013, un matin. Le monde se réveille en découvrant une catastrophe sans précédent : l’effondrement du Rana Plaza au Bangladesh, causant la mort de plus de 1 100 personnes. Ce drame humain est aggravé par le fait que de grands groupes occidentaux sont soupçonnés d’y sous-traiter leur production : H&M, Benetton, Primark ou Camaïeu pour n’en citer que quelques-uns.
En travaillant avec ces pays, tout est pensé pour faire baisser les coûts, afin de proposer des vêtements toujours moins chers aux consommateurs occidentaux, sans prendre en compte les vies qui en dépendent à l’autre bout de la chaine de fabrication. Les responsables de ces usines se permettent donc de faire l’impasse sur la sécurité de leurs employés, qui doivent travailler presque 12h par jour et 6 jours sur 7, la plupart du temps entassés dans des entrepôts (6).
Une catastrophe écologique dès le départ…
Et pour cause, cette production étant internationalisée, un vêtement peut plusieurs fois faire le tour du monde avant d’atterrir dans votre boutique préférée.
Avant l’assemblage du produit final, il faut produire la matière première du dit produit. À titre d’exemple, le coton est cultivé dans plus d’une dizaine de pays différents : les États-Unis, la Chine, l’Inde ou encore le Brésil et le Pakistan. Entre 2017 et 2018, sa production a augmenté de 10% pour atteindre aujourd’hui 25,4 millions de tonnes, ce qui représente au moins 40% de la production textile mondiale (7).
Pourtant, sa culture est extrêmement polluante et toxique. Selon l’OMS, elle regrouperait 25% des insecticides et 10% des pesticides mondiaux. Sans compter qu’en 2016, on estimait le pourcentage de coton cultivé génétiquement modifiés à 64% (8) !
Pour vous aider à comprendre l’ampleur du désastre causé par les secteurs du textile et de l’habillement :
• Il faut l’équivalent de 70 douches pour fabriquer un T-shirt et 285 douches pour un jean (9).
• C’est donc 4% de l’eau potable mondiale qui est utilisée chaque année pour produire nos vêtements (10).
• Nous achetons 60% de vêtements de plus qu’il y a 15 ans et nous les conservons moitié moins longtemps (11).
• Et pour finir, moins d’1% des tissus utilisés pour fabriquer nos vêtements sont recyclés pour en produire de nouveaux (12).
… puis à chaque étapes !
Nous avons évoqué la production de la matière première, mais elle n’est pas la seule étape polluante dans l’industrie textile. Pour bien comprendre le sac à dos écologique, soit l’ensemble des ressources utilisées pour le produire ; il faut prendre un peu de recul et prendre en compte toutes les étapes de vie d’un vêtement.
Voici un visuel qui représente l’ensemble du cycle de vie de la fabrication jusqu’au traitement du vêtement une fois jeté.
Vous entendez le bruit de la sonnette d’alarme ? Pas de panique, des alternatives à cette fast-fashion ont été (ré)inventées et développées ces dernières années. Maintenant que vous êtes mieux briefés sur la question, il est temps de vous emmener faire un tour du côté du renouveau de la mode.
On fait quoi pour que ça change ?
Que fait la police ?
Ça avance petit à petit…
La loi Anti-Gaspillage et Economie Circulaire notamment interdit depuis le 01.01.2022 la destruction de vêtements neufs invendus. Et oui, c’était possible jusque là !
Mais comme on l’a vu l’usage et le traitement des vêtements en fin de vie ne sont qu’une source de pollution parmis d’autres dans le cycle de vie d’un vêtement…
Par ailleurs, il faut se méfier du greenwashing, soit la faculté des industriels d’utiliser nos biais écologiques pour nous vendre de nouveaux produits qui n’ont de verts que le nom, présenté comme LA solution aux écueils environnementaux de la mode. Vous avez sans doute déjà entendu parlé des baskets en bouteilles de plastique recylées ou des vêtements dits naturels ou green ? Ces appellations très floues ne sont soumis à aucune réglementation et nous incite à consommer à nouveau et à gaspiller de nouvelles ressources alors que l’on pense bien faire…
C’est pour cela qu’en 2022, Zero Waste France a pris les choses en main en poursuivant en justice deux marques, Adidas et Newbalance, pour leur campagne de communication mensongère !
Et moi ? Et moi ? Et moi ?
Il ne fait aucun doute que nous ne sommes pas les seuls à devoir porter le fardeau du changement de paradigme de l’industrie de la mode. Les états, les marques et les fabricants doivent prendre leurs responsabilités vis-à-vis de cette situation. Toutefois, nous pouvons agir à l’échelle individuelle et impacter largement le système.
En faisant naître la réflexion et en proposant des solutions individuelles, nous sommes en mesure de faire valoir nos revendications à plus grande échelle. Bonne nouvelle, il est déjà possible de s’exprimer sur le sujet ! Avec le hashtag #Who made my clothes/« Qui a fait mes vêtements » initié par la Fashion Revolution, il est possible d’interpeller les marques afin de leur demander si elles connaissent les pays et conditions de travail des personnes qui ont fabriqué leurs vêtements (13).
Par ailleurs, nous pouvons également participer à la campagne nationale « fast-fashion, il est temps de ralentir de Zero Waste France avec le Guide de résistance à la fast-fashion ainsi qu’au Défi rien de neuf.
Les règles d’or de la mode (même en seconde main) :
- SE RENSEIGNER & S’ÉCOUTER
matière, origine, entretien , chaleur, besoin, coût, sac à dos écologique etc - RALENTIR
ne pas acheter tout de suite, essayer, trier, échanger, donner - DÉSINTOXIQUER
bye bye la pub, les newsletters, les soldes, le greenwashing et les dictats marketing - FAIRE DURER
réparer, transformer, accommoder… - CONSOMMER AUTREMENT = INVESTIR DANS DU DURABLE
louer & emprunter, acheter juste ce qu’il faut d’occasion en priorité & si impossible privilégié le neuf local, de qualité, sans livraison, les emplois durables avec des salaires viables etc - VOIR LE POSITIF
se féliciter du changement d’habitude prise, identifier les gains de temps & les économies faites etc - PARTAGER
se vanter comme jaja & faire connaître les solutions alternatives - MILITER
pour donner davantage de poids & de portée à vos actions quotidiennes
Des solutions à Lyon et aux alentours
Avant d’acheter, on peut éviter de consommer de nouvelles ressources en entretenant et réparant nos vêtements. Pour cela, Zéro Déchet Lyon propose des ateliers pour apprender à faire soi-même sa lessive et même les bases de la couture. Retrouvez toutes les dates dans notre agenda.
Pour avoir un moindre impact, rien n’a d’égal à l’occasion et pour cela mieux vaut privilégier les structures avec un voloet social comme Emmaüs, Notre Dames des Sans Abris ou Solidarité Afrique avec plusieurs points de vente à Lyon. Ils existent aussi de très nombreuses friperies et donneries sur le territoire.
Vous pouvez aussi opter pour l’emprunt ou la location notamment pour les occasions spéciales ou les vêtements qu’on porte peu de temps comme les vêtements d’enfants comme les débraillés. Certaines boutiques rachètent aussi vos vêtements dans des boutiques ne proposont que de l’occasion comme loca loca pour les enfants ou fripes machines.
Connaissez-vous les vêtements surcyclés faits à partir de chutes d’autres produits ? Il existe notamment la marque Alory.
Et n’oubliez pas, si vous souhaitez approfondir vos recherches sur le zéro déchet, que ce soit dans le domaine du textile ou autre, vous pouvez vous procurer notre guide Objectif Zéro Déchet qui vous donnera des solutions, des conseils et des adresses dans la Métropole de Lyon.
POUR ALLER PLUS LOIN : LE REVERS DE MON LOOK de L’ADEME
Découvrez le guide gratuit à télécharger.
SOURCES
1Timeout for Fast fashion, Greenpeace, 2014
2 Ellen MacArthur Foundaton, A New textiles economy. Redesigning fashion’s future outlines, 2016 et Circular Fibres Initiatives Analysis, 2016.
3 International Energy Agency, Energy Climate Change and Environment, 2016
4 France Info, VIDEO. Production textile : les coûts et marges de la production en Asie, février 2015
5 Économie Matin, Vêtements : il y a quoi derrière l’étiquette ? Décembre 2014
6 Happy New Green, Le point sur les conditions de travail en Chine, mars 2017
7 Planetoscope, Production mondiale de coton
8 Natura Sciences, L’industrie textile du coton, des impacts à tous les niveaux, avril 2014-mars 2018
9 Fashion Revolution, 2017
10 Newsweek, Fast fashion is creating and environmental crisis, 2016
11Ellen MacArthur Foundation, A New textiles economy. Redesigning fashion’s future outlines, 2016 et Circular Fibres Initiatives Analysis, 2016.
12 McKinsey and compagny, Style that suitable: A new fast fashion formula, 2016.
13 Fashion Revolution France, www.fashionrevolution.org/europe/france
Un commentaire sur « L’enfer de la mode : fashion faux/t pas ! »