L’économie circulaire dans le secteur de la moquette : « la planète au bout du rouleau ».

Cet article a initialement été rédigé  par Zero Waste France et publié sur leur site. Nous le relayons.

Zero Waste France et Changing Markets publient aujourd’hui le premier rapport sur l’économie circulaire dans le secteur de la moquette. Chaque année, 700 millions de m² de moquette sont mis sur le marché européen. Le rapport Moquette : la planète au bout du rouleau montre que les circuits de réutilisation et le recyclage sont encore quasiment inexistants dans ce secteur, malgré les allégations environnementales de deux de ses acteurs principaux, Desso et Interface. Le “grand gâchis” atteint en France son paroxysme dans le secteur de l’événementiel, où la moquette est utilisée quelques heures ou quelques jours seulement avant d’être jetée.

UNE MOQUETTE QUASI TOTALEMENT BRÛLÉE OU ENFOUIE EN DÉCHARGES

A l’heure de l’économie circulaire, le secteur de la moquette est à la traîne. Après usage, la quasi-totalité des moquettes françaises et même européennes sont brûlées ou enfouies en décharges. Faute de transparence complète sur les statistiques de recyclage du secteur, le tonnage précis de moquette recyclée en Europe n’est pas connu. Les auteurs du rapport estiment cependant que moins de 3% des volumes sont collectés pour recyclage, et qu’une partie de ce recyclage se révèle être en réalité du downcycling, c’est-à-dire une transformation en un produit de qualité inférieure ne pouvant généralement pas être à son tour recyclé.

 

FABRICANTS : UNE COMMUNICATION EN DÉCALAGE AVEC LA RÉALITÉ

Depuis plusieurs années, deux des principaux fabricants affichent pourtant des objectifs environnementaux élevés, visant par exemple, pour 2020, à produire “zéro déchet” (Interface) et à inclure tous leurs produits dans une démarche “Cradle-to-cradle®” (Desso). Une communication ambitieuse, qui s’accompagne d’expérimentations de terrain, mais reste très éloignée des performances de recyclage réels de ces deux acteurs, qui s’établissent entre environ 1,5 et 3%. Plus problématique encore, la communication de l’Union Française des Tapis et Moquettes (UFTM) et de ses partenaires dans le cadre du programme Optimum qui propose de collecter les moquettes usagées pour un “recyclage” qui se révèle être, en réalité, une valorisation principalement énergétique, autrement dit de l’incinération. Des ressources précieuses sont ainsi brûlées, ce qui émet en outre du CO2 et de nombreux polluants.


 

SECTEUR DE L’ÉVÉNEMENTIEL : LE NIVEAU ZÉRO DE L’ÉCONOMIE CIRCULAIRE

Chaque année, quelques 1 135 foires et salons sont organisés en France, soit une surface de stands d’expositions de près de 6 millions de m², l’équivalent de plus de 65 000 logements moyens en France. Une grande partie de ces stands sont couverts de moquette à usage unique, sans compter les allées, les espaces extérieurs ou escaliers parfois également recouverts. On peut donc parler d’un produit jetable, qui n’est en outre quasiment jamais recyclé. Des solutions de réutilisation existent pourtant, via des systèmes de location qui sont utilisés à grande échelle dans d’autres pays européens.

 

Les auteurs du rapport présentent en conclusion une série de recommandations à l’adresse des fabricants, des utilisateurs, et des pouvoirs publics, afin de pouvoir engager le secteur dans une transition vers l’économie circulaire. “Il est urgent d’agir, sous peine de piéger l’industrie dans un modèle non-durable pour encore 10 ou 15 ans”souligne Flore Berlingen, directrice de Zero Waste France, “l’impact des mesures d’éco-conception permettant la réutilisation ou le recyclage des moquettes sera en effet décalé dans le temps, du fait du cycle d’usage relativement long de la moquette. Et dans le cas de l’événementiel, il s’agit d’arrêter au plus vite un gaspillage quotidien de milliers de  de moquettes !”.

 

Pour télécharger le rapport, ses infographies et visuels :http://moquette.zerowastefrance.org

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