Éclaircie-Conseil ou du bon usage des couches

Julia Dombradi est “ consultante et formatrice en éco-projets. ” Sa spécialité : les couches lavables. Sa mission : proposer un service de conseil et accompagnement aux crèches et aux collectivités territoriales qui veulent réduire leur déchets. Depuis 2012 son entreprise spécialisée en “ projets d’éco-attitude ”, Éclaircie-Conseil, travaille au sein d’une cooperative d’activités multi-sujets basée à Lyon, Cap Services.

De la BD… à la finance

Julia fait des études d’économie, gestion et commerce international dans son pays d’origine, la Hongrie, avant d’arriver à Paris en 2000 en compagnie de son époux français : « J’ai appris le français avec les méthodes Assimil, puis j’ai fait une maîtrise Sciences eco à la Sorbonne pour continuer mes études et progresser dans le français. » D’abord orienté vers les RH, sa carrière connaît un premier détour en 2002 lorsqu’elle se découvre une passion pour la bande dessinée : « J’ai travaillé sur un projet d’échange culturel entre l’Europe central et la France, j’ai fait des stages dans des maisons d’éditions… » Toutes ces expériences n’aboutissant pas sur un travail, elle commence à envoyer des CV jusqu’au moment où elle est embauchée dans une filiale de la BNP qui s’occupe de l’achat et de la gestion de titres de bourse : « C’était une expérience vraiment internationale avec des gens de partout, on a travaillé en anglais quasiment tout le temps. » Suite à la décision de son mari de revenir à Lyon, Julia demande une mutation : en 2006 elle devient assistante commerciale dans le centre d’affaires de la BNP.

La (re)découverte des couches

Au moment de la naissance de son premier enfant en 2007, Julia décide d’essayer les couches lavables : « C’était surtout pour la santé de mon enfant. Après c’est vrai que le jetable est d’usage facile : on l’achète, on le jette et on s’en occupe plus, pendant que là il y a l’entretien mais en Hongrie mes parents utilisaient les couches à l’ancienne, avec une culotte de protection dessous, et ils ont géré le lavage, ce n’est pas plus compliqué que ça. » Malgré la perplexité de son entourage Julia insiste, même si elle choisit d’en faire un usage mixte (« Couches lavables à la maison et jetables à l’extérieur »). Faute de perspectives d’évolution professionnelle et sur les conseils de son mari, Julia décide de se réorienter à nouveau, cette fois vers le développement durable.

En 2009 elle demande un congé financé grâce au Fongecif pour faire un master à Paris Dauphine, qui à l’époque compte parmi les rares universités à proposer une formation dans le développement durable : « Ça m’a ouvert les yeux sur énormément des choses : pas juste l’environnement mais aussi la sociologie, le rôle des collectivités locales… ». C’est à ce moment là que Julia sent qu’il est temps de passer à l’acte : «  On fait n’importe quoi sans mème en avoir conscience. J’ai commencé à agir au quotidien, des choses simples comme regarder les détails des ingrédients ou acheter de moins en moins d’emballé… Lorsque à Noël je voyais les homards ou les écrevisses qui viennent de l’autre bout du monde je me disais « Ça sert à quoi ? Pas besoin d’en manger ! » Mon entourage ne comprenait pas pourquoi je pouvais me mettre dans tous mes états, ils pensaient qu’on m’avait tourné la tête… »

Son mémoire, disponible sur Internet, inclut une partie d‘analyse de cycle de vie, où on étudie les impacts environnementaux d’un produits à partir de l’extraction des matières premières jusqu’à la fin de vie : « On peut comparer les couches jetables avec les couches lavables on disant laquelle a le plus d’impact. Beaucoup de gens pensent que les couches lavables ne sont pas une bonne solution parce qu’on utilise quand même de l’eau et de l’électricité mais finalement ces sont les couches jetables qui ont le plus d’impact. »

Déjà pendant la fabrication on transforme des matières premières issues de produits pétrolochimiques, du plastique, des polypropylènes, des super-absorbants qui peuvent engorger de l’eau. Après avoir étés fabriquées, emballées, transportées au supermarché et utilisée pendant 2 heures sur l’enfant, il y a la phase de fin de vie où on va jeter les couches et donc on va à nouveau les transporter avec le camion poubelle : « À ce stade soit on les mets en décharge et là elles restent plus de 500 ans sans se décomposer, soit on le brûle là où il y a des incinérateurs même si du point de vue énergétique ce n’est pas intéressant parce qu’on brûle quelque chose qui est gorgé d’eau, il y a du plastique et un petit peu de cellulose. » Et un enfant produit une tonne de déchets de couches jetables en seulement 2 ans et demi… En plus de l’étude sur le plan environnemental, Julia prends en examen aussi la partie financière pour savoir combien l’usage de couches lavables peut coûter et aussi une partie d’analyse sociologique qui inclut des interview avec des directrices de crèches, des professionnels de petite enfance aussi bien que la Caf, la Métropole… bref, tous les acteurs concernés par cette thématique-là.

Éclaircie-Conseil

Au moment où Julia suit sa formation, la loi qui oblige les entreprises à publier un rapport de développement durable n’a pas encore été mise en place : «  J’ai fait mon master avec une optique BNP, dans le but de faire évoluer les pratiques de l’entreprise d’abord au quotidien mais aussi au niveau de l’impact que tout ce que l’entreprise finance a sur l’environnement. Mon deuxième axe était les couches. Comme à la BNP ils n’étaient pas intéressés par mon projet, je suis allée à la mairie de Villeurbanne. Le chargé de missions de développement durable fut intéressé par le fait que je travaillais avec les crèches sur la thématique des couches lavables en collectivité. »

Avec Éclaircie-Conseil, Julia se propose d’exprimer son besoin d’informer les collectivités locales et notamment les crèches sur le modèle à choisir pour réduire leurs déchets, comment s’organiser au niveau de l’hygiène, de la communication… « Finalement la couche est un objet social, c’est un outil pour travailler plein d’autres choses. » Julia commence son activité d’accompagnement à coté de son travail : « Au début j’ai travaillé beaucoup avec des Pays Voironnais, j’ai accompagné deux crèches. J’ai aussi un partenariat avec Locacouches, une entreprise de location de couches lavables, ça fait 6 ans qu’on travaille ensemble ». Dans une crèche la période d’essai des couches dure à peu prés 3-4 mois, sans compter la préparation et le bilan : « Vu que l’adoption de couches lavables change les pratiques je fais de l’accompagnement du changement, où on comprend pourquoi on fait ça. C’est comme avec le composte : c’est un temps de plus, c’est un investissement différent mais tu sais pourquoi tu le fais du coup ça devient facile. Après avec les couches c’est un peu plus compliqué parce qu’on touche vraiment à l’intime. » En 2014 Julia gagne un appel d’offre auprès du Grand Dijon toujours pour travailler avec des crèches, ce qui lui permet de passer à mi temps et de passer à un poste administratif à la BNP.


Comment contacter Julia ? C’est très simple : il suffit d’envoyer un mail à dombradijulia@gmail.com

2 commentaires sur « Éclaircie-Conseil ou du bon usage des couches »

Laisser un commentaire