Le marché du vrac en France a pris son envol à partir de 2016, porté par un contexte propice à son développement (préoccupations des consommateur·rices, contexte législatif, création du Réseau Vrac & Réemploi la même année etc.). Mais en 2021, il traverse une période plus difficile avec une baisse de fréquentation significative notamment des épiceries locales, menant à des fermetures en série. L’équipe de Zéro Déchet Lyon avait enquêté sur les freins et leviers et alerté sur cette crise à l’été 2024. Retrouvez les résultats de ce travail dans cet article.
A l’occasion de ce mois de Mars, mois du vrac et du réemploi, Zéro Déchet Lyon revient sur quelques fausses idées qui entourent ces pratiques de consommation, afin de (re)démontrer l’accessibilité et les multiples intérêts à soutenir ces pratiques tout en remettant la lumière sur les épiceries vrac de quartier en grandes difficultés et pourtant essentielles pour aider à réduire déchets et gaspillages.
Chaque jour de cette semaine, découvrez la réalité derrière une fausse idée sur le vrac.
Fausse idée n°5 : « Le vrac c’est pas vraiment du Zéro Déchet «
Il est vrai que le vrac ne permet pas d’éviter 100% des déchets. Cependant il permet largement d’y tendre, selon notamment un panorama et des évaluations environnementales du vrac en France, publiée en 2021 par l’Agence de la transition écologique (ADEME), en réduisant de 2/3 les emballages et le plastique sur toute la chaîne de distribution d’un produit.
Ce même document donne d’autres indications sur les bénéfices de la consommation en vrac :
- à l’exception du riz, qui est un produit ultra concurrentiel le plus souvent importé, la proportion de la masse des emballages et contenants utilisés tout au long du cycle de vie est bien plus faible pour le système vrac, allant parfois jusqu’à une réduction d’un facteur 16 (exemple de l’huile d’olive) !
- autre exemple, le savon liquide vendu en vrac est plus pertinent que le préemballé pour 5 des 6 indicateurs utilisés par l’ADEME (changement climatique, particules affectant les voies respiratoires, toxicité, acidification, épuisement des ressources).
L’intérêt du vrac est d’autant renforcé pour les produits habituellement suremballés, qui se retrouvent immédiatement allégés (bouteilles en verre pour les produits liquides comme l’huile, boîtes de biscuits qui contiennent à la fois du plastique et du carton…)
Pour réussir ces prouesses, les magasins de vrac proposent une variété de solutions : conditionnement sans emballage individuels, dans des plus grands contenants, emballages consignés ou réemployables.
Rappelons enfin que le « zéro déchet » n’est pas une fin en soi mais un objectif idéal vers le minimum possible de gaspillages, de déchets produits (y compris pour les emballages « recyclables » ou les déchets « biodégradables ») et la réduction de la toxicité de ces déchets. Pour cela, le vrac est un outil indispensable, au même titre que la consommation d’objets durables, réparables ou réutilisables et les achats de seconde main.
Des leviers législatifs à mobiliser dans le sens de la prévention des déchets
Quelques lois récentes inscrites dans le code de l’environnement vont dans le sens d’une réduction des déchets.
La loi anti-gaspillage pour une économie circulaire (AGEC) (2020) est la première en France à légiférer sur le commerce de la vente en vrac et à donner des objectifs plus concrets à atteindre pour les professionnels de la vente . Elle indique par exemple :
- Que les emballages uniques en plastiques devront être réduits d’au moins 20% d’ici fin 2025 dont au minimum la moitié obtenue par recours au réemploi ou à la réutilisation. Une fin des emballages à usage unique est fixée à 2040.
- Que d’ici à 2030, ce sont 50% des bouteilles en plastique à usage unique qui devront être évincés du marché.
- Qu’un objectif commun avec un palier à hauteur de 10 % d’emballages réemployés par an est attendu en 2027.
Le chapitre III de la loi Climat et résilience (2021) est intitulé « Accélérer le développement de la vente en vrac et de la consigne du verre », et son article 23 est consacré à la vente en vrac et viennent modifier et préciser la loi AGEC.
Ainsi, la définition de la vente en vrac est légèrement modifiée pour y inclure la vente de produits vendus sans emballage primaire en service assisté, en plus de ceux vendus en libre-service. Les commerces disposant d’un rayon à la coupe et proposant la vente de leurs produits dans des contenants réutilisables sont aussi intégrés.
Au 1er Janvier 2030, 20 % de la surface dédiée aux produits de grande consommation (pour les surfaces de vente de + de 400 m²) sera consacrée à la vente de produits sans emballage. Un décret d’application est par ailleurs en cours de préparation.
Les pouvoirs publics se voient engagés dans des mesures d’encouragement de la vente en vrac via des expérimentations et des actions de sensibilisation.
5 ans après la promulgation de la loi AGEC, le réseau Vrac et Réemploi avait réalisé un premier bilan des mesures mises en œuvre. Globalement, s’il estime que la loi est un outil particulièrement structurant à l’origine d’un véritable bouleversement des mentalités et qui a permis de mettre la France sur la voie d’un changement de paradigme en faveur de l’économie circulaire, il explique aussi que plusieurs dispositions sont peu voir pas appliquées et que dans de nombreux secteurs, les objectifs quantitatifs ne sont pas atteints.
Le réseau explique notamment cela par des raisons conjoncturelles et structurelles : un contexte politique instable, un système économique encore trop favorable aux modèles linéaires et un cadre légal à parfaire.
Tous·tes au vrac !
Réduire ses déchets par de l’achat ou de la consommation en vrac s’applique aussi à de nombreux autres aspects du quotidien.
Quelques exemples ci-dessous :
- Se rendre dans d’autres lieux avec ses propres contenants (sacs, boîtes) : les marchés de quartiers, les fromagerie, les boucheries, les cafés, les primeurs, les restaurants proposant des plats à emporter…
- Appliquer la réduction des déchets à d’autres objets : passer aux produits rechargeables pour l’hygiène, la beauté, le ménage… Voir apprendre à les fabriquer avec le moins d’ingrédients possibles ! Consommer l’eau du robinet, utiliser des produits pour animaux en vrac (croquettes, friandises, litières,…)
- Appliquer la réduction des déchets à d’autres activités : loisirs créatifs, jardinage (terreau pour les plantes, boutures, graines en vrac…) , bricolage, sports,…
- Globalement privilégier les achats de seconde main en directe, la location d’objets ou le réemploi
Les épiceries vrac, un maillon indispensable du quotidien
Au delà de simples prestations de vente, les épiceries vrac ont réussi à s’insérer dans le tissus local. Elles sont des espaces d’échange et de création de lien social avec les habitant·es allant parfois jusqu’à se rendre des petits services.
Elles peuvent proposer des solutions zéro déchet pour les structures collectives (clubs sportifs, entreprises, comités de fêtes) et se font d’excellentes vitrines pour les artisan·es et producteur·rices du coin.