Pochettes à savon, sacs à vrac, housses pour plats à tarte… ce ne sont que quelques exemples des créations que Marie-Cécile Fargier produit dans son atelier de couture zéro déchet à Brignais. En janvier 2017 elle quitte son métier d’assistant social pour créer sa propre marque d’accessoires pour le quotidien, Josephine. Toutes ses créations sont confectionnés à partir de textile revalorisé.
Un loisir devenu métier
C’est lors d’un congé parental que Marie-Cécile se mets à la couture. Quand elle reprend son travail l’envie de coudre lui reste toujours en tête. Un dimanche elle se rend compte de ne pas avoir assez du tissu pour terminer une trousse de toilette. Ce n’est pas grave : un ancien jeans troué fera l’affaire. C’est le déclic : Marie Cécile décide de faire de sa passion pour la couture un véritable métier, dans lequel la beauté des créations se conjugue avec le respect pour l’environnement : « Depuis que j’ai eu des enfants j’ai commencé a me poser des questions par rapport à mon mode de consommation : petit à petit, dans ces 3 dernières années, je me suis mise au zéro déchet. Quand j’ai créé ma marque c’était devenue une évidence que mes accessoires devaient pouvoir favoriser un mode de vie zéro déchet : je fais des sacs à vrac pour des achats sans emballages, des pochettes à savon et à shampooing solide… L’idée c’était de créer des objets des tous les jours à partir de matière revalorisé. Dans le textile il y a une telle richesse de matériel avec lequel on peut faire plein de choses différentes… »
Des materiaux de tout genre
Quel genre de matériel Marie-Cécile utilise pour ses créations ? « Je travaille avec des matières totalement différentes. Par exemple, j’ai récupéré un jeu de voiles de bateau qu’a l’avantage d’être très résistant et imperméable : après l’avoir mixé avec du tissu coton coloré à motifs, je l’utilise pour faire des cabas de plage. Dans le même principe, je récupère chez des agriculteurs d’Irigny ce qu’on appelle des “ big bags ”, des énormes sacs blancs faits à partir de plastique tressé, extrêmement résistant et lavable, qu’eux utilisent pour récolter leurs fruits. Quand les sacs deviennent trop abîmés je les récupère pour faire des paniers de courses, habillés à l’extérieur avec des des motifs et des textiles en coton pour le côté joli. »
Où Marie-Cécile se procure la matière première pour fabriquer ses accessoires ? « J’ai un panel assez large de partenariats. Il y a Dutel Création, une maison de tisserons lyonnaise qui date depuis 1937, spécialisée dans l’habillement de luxe. Ils utilisent la technique du “ jacquard ”, que donne un côté très luxueux au textile : les motifs sont tissés en lieu d’être imprimés sur les tissus. J’ai un partenariat avec eux pour récupérer une partie de leurs chutes de tissu. Je travaille également avec la marque de jeans et de chaussures 1083 : je récupère leurs chutes de jeans ou leurs fins de séries, ce qui me permet d’avoir du tissu neuf pour faire des accessoires avec. J’ai un autre partenariat avec la marque Mademoiselle Dimanche : c’est une créatrice lyonnaise qui dessine des motifs imprimés sur un tissu qu’est un mélange de coton et lin, avec des encres certifiés, respectueux de la planète. Elle utilise ses tissus pour faire de la décoration d’intérieur : des coussins, des rideaux, des luminaires… Je rachète ses chutes de tissus pour mes créations. »
Quel est le retour de clients par rapport au produit fini ? « Quand je rencontre des gens dans des salons ou des marchés, souvent ils sont étonnes de voir la qualité des tissus et des matériaux, parce que pour eux le recyclage n’est pas forcement quelque chose de très “ glamour ”. Mon idée est de montrer qu’on peut être écolo et avoir aussi des très beaux objets, même dans notre quotidien : c’est pour ça que sur chaque création je mets toujours une petite étiquette que donne l’historique des matériaux que j’ai utilisé. »
Une monnaie locale : la gonette
Avec sa marque Marie-Cécile ne veut pas seulement sensibiliser les gens mais aussi favoriser les échanges locaux : « Je fais partie du réseau des professionnels de La Gonette, la monnaie locale complémentaire lyonnaise : cette devise a la particularité de pouvoir être utilisée que dans un périmètre très restreint (Lyon et le département du Rhône). Souvent le zéro déchet est aussi une démarche au niveau local : les gens vont acheter chez des commerçants ou des artisans locaux. Le fait d’adhérer à ce réseau me permet de faire venir vers la gonette des gens qui sont déjà dans une démarche zéro déchet (et vice versa). » Comment on peut utiliser cette monnaie ? « On peut convertir des euros avec des gonettes auprès de l’association. Le principe de conversion est très simple : 1€ = 1 gonette. Avec cet argent les gens vont pouvoir profiter de services ou acheter des produits chez des professionnels qui font partie du réseau, qui à leur tour peuvent réinvestir les gonettes auprès de leurs fournisseurs, dans le but de favoriser l’économie locale. »
Petite pochette… grand succès
Quelle est la création qui a eu le plus de succès ? « Mon “ produit-phare ” est la pochette à savon et shampooing solide. Les gens qui se mettent au zéro déchet souvent sont très embêtés pour transporter leur savon et shampooing solide, parce que les boites en plastique soit se cassent soit s’ouvrent pendant le voyage. Avec cette pochette en textile, que se referme juste avec un rabat tenu par un élastique, on peut transporter son savon solide partout sans que ça coule dans le sac, grâce à son intérieur imperméabilisé en toile cirée ou en coton enduit. » Un objet compact, très léger, disponible pour la modique somme de 13€ : « Parmi toutes mes créations c’est celle au prix le plus bas, vu que c’est un petit accessoire très rapide pour moi à fabriquer. Ça marche bien aussi comme cadeau : beaucoup des gens l’offre au moment de Noël. »
On peut retrouver celle-ci et les autres créations de Marie-Cécile sur la boutique en ligne de Josephine, pendant qu’une partie de sa collection est disponible également chez Bulko, dans Lyon 1er, et dans les deux boutiques de L’Aromathèque dans les 2ème et 6ème arrondissement de Lyon (notamment les pochettes de transport des huiles essentiels). Marie-Cécile sera présente avec ses produits lors de plusieurs éventement dans les mois qui suivent : le 15 et 16 septembre au festival “ Everyday Heroes ” organisé par l’association The Greener Good au Château de Montchat, au salon “ Tatou Juste ” le 24 et 25 novembre à Saint Étienne et au salon “ Primevère ” fin février 2019 à l’Eurexpo.